Galapagos retour aux sources

DSC_0128Les iguanes marins, les tortues géantes, les pinsons, Darwin… Voilà ce qui nous attirait vers ces iles isolées dans le Pacifique. Et nous n’avons pas été déçus !

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Le plus agréable, c’est que l’on peut approcher ces espèces uniques de très prés, elles sont peu farouches car habituées à ce qu’on les respecte ainsi que leur environnement. On doit toujours observer une distance minimale de 2m avec les animaux (mais eux ne la respecte pas!), et 2 mètres, c’est déjà très proche et ça nous a permis de nous assoir tranquillement avec les tortues, les fous à pattes bleues ou les iguanes en les regardant dans leur quotidien. Les pinsons et les moqueurs viennent d’eux même, curieux… tortue-centenaire

On se demande alors qui est observé…

 

 

Nous avons aussi eu la chance de nager avec les otaries, dont le comportement rappelle beaucoup celui des chiens : ils aboient, jouent avec des morceaux de bois et ont presque la même gueule que les canidés. On se demande s’ils ne remueraient pas la queue si elle était plus grande ! Les plus joueurs sont les jeunes et ils s’approchent de très pres pour nous toucher avec leurs moustaches rugueuses, viennent faire des bulles devant le masque ou lâcher un concombre de mer devant nous en hochant la tète rapidement, pour nous inciter a jouer avec eux. Nous avons tous apprécié cette complicité avec ces animaux sauvages dans la nature.

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La faible fréquentation des sites, des plages et des sentiers était pour beaucoup dans notre plaisir de rencontrer ces animaux. On a souvent été seuls sur les sentiers et sur la plupart des sites. Certes nous étions hors période touristique, mais aussi le gouvernement équatorien vise un tourisme haut de gamme et les séjours sont très chers : peu de touristes, mais ceux-la paient cher. Ca permet de garder des revenus conséquents en évitant le tourisme de masse, qui pourrait être néfaste au parc.

Les iles des Galapagos sont un parc gigantesque au milieu de l’océan, les règles en sont strictes et les excursions très encadrées. On ne peut partir plonger sans un guide et les circuits sont bien organisés et souvent encadrés. La meilleur façon de visiter ces iles, a mon avis, est la croisière a bord d’un « crusero ». Certes ce n’est pas notre façon de visiter un pays, mais je pense que les bateaux de croisière permettent d’optimiser un séjour court. Ils s’arrêtent sur chaque ile et proposent les circuits qui vont a l’essentiel et font découvrir ainsi la spécificité de chaque ile.

Nous avons pu éviter les « circuits touristiques » parce que nous avions du temps et avons largement profité des plages a proximité de notre mouillage et des sentiers libres d’entrée. Nous nous sommes tout de même accordés quelques plongées (de 90 a 150$ la journée selon les sites, tarifs de la basse saison…) afin de voir de plus prés les raies aigles, mantas, tortues marines, hippocampe, petits manchots, requins des Galapagos et même requins marteaux !

 

ferme-de-BolivarLe temps nous a aussi permis de rencontrer les habitants, ce qui sur Isabella par exemple, aurait été impossible en n’y restant que quelques jours. Nous avons pu observer que les touristes ne restent que 2 a 4 jours sur l’ile et les locaux ne vont pas a leur rencontre, si ce n’est pour leur vendre une excursions ou un hôtel.

Pendant 2 mois dans ces iles, nous étions le seul voilier, et au bout d’une semaine certains étaient même surpris de nous voir encore, alors les gens se sont ouverts et nous avons découvert l’autre face de ce paradis touristique. Les revenus touristiques (guides, excursions en 4×4 ou bateau, hôtellerie) ne sont pas équitablement partagés et profitent surtout a quelques familles et organisations. Depuis peu, les revenus du parc naturel (taxes d’entrée principalement) vont directement au gouvernement d’Equateur et les dépenses du parc sont donc gérées depuis le continent. Cette mesure a été prise afin de limiter la corruption. Elle est certes efficace, mais prive aussi les institutions locales de leur réactivité et de leur faculté d’adaptation aux besoins. Les rangers ont peu de moyen pour surveiller cette zone énorme, du coup, l’évolution des structures en pâtissent et le braconnage est courant.

Alors que nous, les voiliers, sommes surveillés de très prés : interdiction de pécher, de nettoyer la coque du bateau, de visiter certains sites sans guide du parc… nous avons pu observer des pécheurs proches de la cote, avec ces grandes lignes (interdites a moins de 40 miles du parc) dont les hameçons attrapent sans choisir requins et autres espèces protégées, et vident le garde-manger des espèces locales. J’ai aussi été surpris de voir les pécheurs de langoustes avec leurs compresseurs, qui certes respectent la saison de reproduction, mais ratissent quand même les fonds afin de vendre leur marchandise localement et a l’exportation. Ce type de pèche est apparemment légale et les pécheurs étaient même surpris de savoir que c’est interdit ailleurs. Ces mêmes pécheurs vident aussi les fonds de ces fameux concombres de mer, dont les chinois raffolent. Mais les concombres de mer n’ont pas le même attrait que les tortues terrestres, aussi, si on reproche aux humains d’avoir surexploité les tortues (pour leur chair et surtout pour leur graisse, dont l’huile participait aux éclairages nocturnes des villes du continent), l’avenir des concombres semble moins intéressant… attention a la vengeance du concombre masqué !

Notre séjour prolongé nous a donc permis d’être témoins de ce complexe paradoxe entre respect du parc et de ses règles indispensables, et la recherche de revenus pour chacun. De nombreux jeunes pécheurs et paysans se sont reconvertis en guides touristiques et ont largement amélioré leurs revenus. Mais la volonté de limiter le nombre de visiteurs (les taxes et droits d’entrée au parc augmentent considérablement chaque année en vue de se limiter aux touristes riches) n’offrent pas de perspectives a ceux qui souhaitent changer d’activité. Les parties hautes des iles, plus fraiches et humides, profitent a l’agriculture et l’élevage, mais encore une fois, les jeunes s’en désintéressent. Ce qui est bien dommage : ils produisent des fruits et légumes de qualité, sans produits chimiques et les sols sont exemptes de bien des maladie du continent. Les oranges, citrons, mandarines, pamplemousses, maracujas (fruit de la passion), goyaves, ananas et autres fruits sont délicieux et on nous en a offert en grande quantité. La viande est aussi de bonne qualité et les chasseurs ramènent du cochon sauvage, parfois de la chèvre. La gastronomie équatorienne ne nous a pas laissé indifférent et je crois bien avoir repris quelques kilos pendant notre séjour…

Nous avons rencontré des gens admirables et conscients de leur patrimoine, mais nous avons aussi observé un consumérisme qui nous a paru déplacé et aberrant. La mode des supers androïdes et fringues de marque sévit jusqu’ici. Chacun veut son super écran plasma et ses lunettes Oklay. Les taxes en Équateur vont jusqu’à 100%, auxquelles il faut ajouter le cout du transport, donc le prix d’un T-Shirt de marque ou du dernier téléphone est, aux Galapagos, 2 a 3 fois le prix américain ! Alors ma conscience me demande : « comment peut-on associer la société de consommation avec un parc naturel unique au monde ? ». Heureusement nous avons aussi rencontré des jeunes (peu nombreux), pleins d’enthousiasme et admiratifs de la nature environnante, qui préfèrent, par exemple, acheter une combinaison de surf ou du matériel de plongée. Je pense qu’il y a un réel effort a faire du coté de l’éducation, pour sensibiliser les jeunes a l’environnement dans lequel ils vivent.

Les premières générations sont arrivées dans un pays vierge et hostile, ou il a fallu tout construire. Ces pionniers ont créé l’agriculture et l’élevage, qui permet maintenant a ces iles d’avoir une relative autonomie. Les nouvelles générations vivent sur ces acquis et l’héritage des biens fonciers qui ont pris énormément de valeur.

Et Darwin dans tout ça ? En fait, par rapport au temps qu’il a passé sur ces iles, son impact et son souvenir on été très importants. Il s’est notamment principalement appuyé sur ses observations des pinsons pour l’élaboration de sa théorie, mais si il avait eu plus de temps, il aurait surement approfondit ses observations sur l’évolution des tortues géantes, qui se sont adaptées de façon différente sur chaque ile.

Pour nous, simples visiteurs, les caractéristiques des tortues et leurs facultés d’adaptation sur chaque ile est beaucoup plus facile a voir : elles sont bien plus grosses et moins rapides que les pinsons. Cela nous laisse le temps de les observer tranquillement, de remarquer a quel point leur cou s’est allongé afin d’accéder aux plantes plus hautes… Certaines font plusieurs centaines de kilos, mais cela ne les empêche pas d’aller ou elles veulent, malgré le terrain accidenté par les éboulis volcaniques enchevêtrés de plantes et d’arbres rustiques.

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Mon meilleur souvenir reste la nage avec les otaries. On peut, sans que cela ne semble les déranger, les observer se faire des câlins et jouer ensemble. Puis quand elle en a eu envie, l’une d’elle est venue me voir, curieuse comme moi. Ses grands yeux noirs m’ont observé et captaient chacun de mes mouvements. Je jouait a l’imiter en me mettant sur le dos, la tête en bas, buvant une goulée d’air a la surface de temps en temps, faisant des bulles dans sa direction. Alors je plongeait en tournant et c’est elle qui m’imitait et filait comme une flèche entre mes jambes. Quelle agilité ! Après 10 minutes de jeu, je n’en pouvais plus, a bout de souffle… elle est retournée voir ses copines.
cliquez sur ce lien pour voir la vidéo:  oliv&otarie

Olivier

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