Les Marquises: Fenua Enata (Terre des Hommes)

LES MARQUISES SONT EXQUISES…

Le premier peuple qui s’établit dans les îles du Pacifique vient d’Insulinde et de Chine. Donc de l’ouest.

L’Océan Pacifique que nous sillonnons aujourd’hui avec l’aide des alizés, ils l’ont sillonné eux aussi sur de très grandes pirogues, contre les vents, contre les courants et contre la houle. Ils ont rallié des îles qui se situent à plus de 13 000 kilomètres de leur terre d’origine, sans carte, sans autre repère qu’un chemin d’étoiles, sans autre compas que le soleil, sans autre possibilité de calcul des longitudes que l’estimation des distances lunaires.

 

Aucun peuple ne s’est établi aussi loin de ses racines en voyageant par la mer, partant plein est contre le vent espérant trouver là-bas de nouveaux territoires. Les premiers s’élancèrent il y a plus de 30 000 ans. A l’arrivée des premiers européens, leur territoire s’étend dans un triangle dont les sommets sont Hawaii, l’île de Pâques et la Nouvelle-Zélande. Tous les archipels compris entre ces trois points ont été conquis par ces Austronésiens, les Maohis, et ce, sur un océan qui occupe 40 % de la surface totale de la planète. Attention, ne confondez pas les Maohis et les Maoris de Nouvelle Zélande. Les premiers sont les ancêtres des seconds. Leur nom se compose de « Ma » qui signifie « pur, propre, digne » et de « Ohi », ou « rejetons qui fait des racines». Donc, le Maohi est un homme libre qui a su se réimplanter en gardant ses racines. (Jean-Jo Scemla-Le voyage en Polynésie) 

www.croisiere-ocean.com

croisiere en famille a Fatuiva

40ans après Jacques Brel, jour pour jour, après 21 jours de mer, nous entrons dans la baie de Tahauku (la baie des traîtres) à Hiva Oa, aux Marquises.

Ces îles mythiques s’offrent à nous, majestueuses, grandioses, se dressant fièrement face à l’Océan Pacifique. Après trois semaines de navigation, le cœur encore un peu en mer, légèrement enivrés, grisés d’océan, parfaitement heureux, nous avons l’humble sensation de mériter de fouler cette terre marquisienne dont nous avons tant rêvé durant cette traversée.
Les parfums de la terre viennent à notre rencontre, et finissent de nous enivrer : humus, mangues, tiaré, vétiver, ylang-ylang.
En abordant l’île de HivaOa, des images s’emparent à nouveau de nos esprits. Samuel Wallis, Bougainvillier, James Cook, Fletcher Christian ..

Comment décrire les Marquises pour ceux qui n’ont jamais foulé la «Terre des Hommes: Fenua Enata»?

Ce qui nous a séduit dans ces îles c’est tout d’abord l’accueil chaleureux et la générosité des marquisiens. Leurs sourires prévenants, respectueux, rassurants. Ils nous ont souvent offert de quoi manger pour plusieurs jours sans même nous connaître, ou invité à partager nos vies, nos récits respectifs autour d’une partie de pétanque ou de pêche. L’accueil du voyageur est ici un devoir et un plaisir, partout où nous sommes allés, c’est d’abord un sourire, puis « Kaoha… Mavemai » : bonjour, bienvenue. 

croisiere-ocean aux marquises croisiere-ocean aux marquises croisiere-ocean aux marquises

La joie de vivre! Chacun a sa place aux marquises et y est reconnu. Comme par exemple Kalino (tahitien adopté mais plus marquisien que les marquisiens) est un sculpteur sur os connu des navigateurs, mais c’est aussi un musicien et chanteur qui ne raterait pas une bringue !
Chacun a plus d’une corde à son arc et si le travail manque, il y a toujours le coprah. Activité (très physique) qui consiste à aller entretenir la cocoteraie et collecter les cocos, les ouvrir et mettre la chair a sécher. La récolte est ensuite acheminée par cargo vers Tahiti pour fabriquer le célèbre Monoï aux milles parfums de fleurs.

Les marquisiens sont très attachés à leur terre, le « Fenua Enata » (ou Henua Enana: la terre des hommes) héritée de leur ancêtres et conservée par la famille. Cette terre est le territoire de chasse (cochon ou chèvre) et de culture : banane, fruit à pain, mangue, avocat, corossol, papaye, goyave, pamplemousse (aussi délicieux qu’abondant), ignames, fafa,, noix de coco etc


Elle inspire les sculpteurs, graveurs, tatoueurs, danseurs et musiciens qui perpétuent la culture marquisienne. Alors à votre tour aussi de l’aborder avec le respect qu’il se doit, de ne pas abuser de sa générosité ni de celle de ses habitants.

Cette culture Maohi, cette identité Marquisiene, avait d’abord été enfouie et presque oubliée après le passage des Européens et des missionnaires qui pendant plusieurs générations ont imposé le christianisme, leurs mœurs et leurs coutumes. Depuis quelques décennies, un retour en force de la culture, grâce aux souvenirs des anciens, aux académiciens marquisiens et au festival des îles des Marquises : Matavaa, a permis de redonner aux marquisiens la fierté de leur patrimoine culturel et archéologique.

Nous avons eu la chance d’arriver peu avant le Matavaa de HivaOa, et d’assister à ces rencontres culturelles entre les différents archipels. Danses, cérémonies, artisanat et cuisines locales ont étés au programme pendant plusieurs semaines car nous avons pu assister aux répétitions sur quelques îles. Cette année encore nous avons pu savourer le superbe Matavaa sur l’île de UaPou ! Innoubliable.

L’archipel comprend 2 groupes d’îles au Sud et au Nord, séparés par une journée de navigation parfois trop vive, parfois trop calme. La diversité des mouillages permet de choisir en fonction des vents et de la houle omniprésente. Chaque île a son propre caractère et sa fierté, alors même si les conditions de mouillage ne sont pas toujours parfaites, nous, c’est décidé, on y retournera encore et encore!!!

 

 

3000 miles à travers le Pacifique (Novembre 2015)

Olivier vient de me tirer de mes rêves pour le relever et prendre mon ¼ de nuit.

Encore ensuquée, je me retrouve sur le pont par une belle nuit étoilée en route pour les Marquises. C’est l’occasion rêvée de vous écrire plus longuement… tout est calme autour de moi… Enfin, mis à part le bateau qui craque, les vagues qui tapent et le vent qui rugit… Tout est calme.

1 novembre 2015
4 ans presque jour pour jour depuis notre premier grand départ de France, de Canet en Roussillon ( le 11 novembre 2011), nous traçons la route vers les Marquises. C’est parti pour la grande traversée, 3 semaines, ou 4,ou 5… de navigation. Je me demande comment seront ces jours en mer pour nous tous.

Pour Camille ça commence par un bon mal de mer. Le pauvre, il est vraiment pas bien mais il le prend avec beaucoup de philosophie et refuse les médicaments. Épuisé, il s’allonge mais les spasmes le gardent éveillé.
Début de soirée, je n’y tiens plus de voir Camille si mal et je lui donne un anti mal de mer. Deux heures plus tard, le cachet à l’air de faire effet. Camille peut à nouveau boire, s’alimenter et dormir enfin.

4 novembre
Nous avançons bien, ça fait plaisir. La mer n’est pas trop forte, même si ça chahute un peu quand même. Camille joue dans sa cabine et me demande un coup de main pour son mécano. Je descends l’aider mais après ½ heure je commence à être barbouillée.-« Ca va toi Camille ? Tu n’as pas le mal de mer ? »
-« Non » me dit-il,
-« Mais comment fais-tu ? »
-« Mais, c’est parce que j’ai pris un cachet ! »
Magique ce cachet, 3 jours après il fait encore effet. Hé hé hé…

La nuit nous croisons beaucoup de pêcheurs ; enfin … du moins leurs lignes de fond, qu’ils tentent de signaler avec des petites (toutes petites) lumières clignotantes dont ils quadrillent l’océan. La navigation se transforme alors en un parcours de santé et nous zigzaguons « une fois à tribord, puis à bâbord, ah non ! tribord toute !…. » pour rester le plus loin possible de ces zones de pêche. Ça ne nous a pas empêché de nous en prendre une! Eh oui, toutes les lignes ne sont pas éclairées, c’eut été trop facile.. Un boute s’est pris dans la dérive bâbord puis est venu ensuite se coincer dans l’hélice. Heureusement pas dans le safran, car je n’ai aucune envie d’aller me mettre à l’eau, de nuit, pour défaire des nœuds!

Le lendemain matin…
Nous trainons un boute sur bâbord… La mer est trop forte pour que nous puissions intervenir….. Il ne nous reste plus qu’à espérer qu’il ne vienne pas endommager l’hélice ni se prendre dans le safran.

6 novembre
2h du mat. Et voilà qu’à l’horizon apparaissent à nouveau les lueurs des cauchemardesques parties de pêche ! Cette fois il y en a partout !.. Dois-je lofer ? Abattre? Je ne sais pas où me frayer un passage !? 3H du mat, je dois réveiller Olivier pour qu’il m’aide à repérer les lumières des lignes de pêche, la visibilité est mauvaise et les manœuvres délicates. 3H30, Ouf je crois que nous sommes sortis de la zone qui est maintenant derrière nous. Olivier repart se coucher. 4h30 le bateau est soudain freiné et devient un-manœuvrable ! Sur tribord, y’a un drôle de bruit ! J’inspecte le bateau… On s’est pris un dispositif de pèche dérivant (énorme agglomérat de boutes, de flotteurs et de lignes de fond…) sans lumière ni aucun moyen de signalisation !! Je dois à nouveau réveiller Olivier afin qu’il m’aide à couper les gros boutes qui nous bloquent sur l’arrière et traversent d’une coque à l’autre. Quelques coups de machette plus tard, nous nous sommes dégagés du piège, mais l’hélice tribord semble coincée… Il y a une drôle de vibration…. Pas le choix, il faut continuer à avancer… nous devrons regarder ça demain, de jour… Pourvu que rien ne casse…

7 novembre
La mer est bien trop forte (creux de 3-4m) pour pouvoir se mettre à l’eau et vérifier notre hélice tribord qui reste coincée. Nous devrons attendre et garder confiance.

Nos journées et nos nuits sont ainsi rythmées par la mer et le vent. Olivier et moi partageons la veille, donc en gros nous nous voyons aux repas, et le reste du temps nous nous croisons entre deux siestes.
Il y a les nuits calmes durant lesquelles nous pouvons lire, écrire, regarder des films entrecoupés tous les ¼ d’heure d’une veille sur le pont de 15 minutes environ. Et puis il y a les nuits rendues difficiles par des lignes de pêche trop nombreuses, un vent trop violent ou trop capricieux, par une mer déchainée ou par les calamars…

Comment ça par les calamars ? ! …

Et bien, oui ! Ces calamars qui illuminent la mer telles des guirlandes de noël clignotantes (soit dit en passant l’effet est des plus magique!), ces même calamars donc, ont la fâcheuse habitude de sauter hors de l’eau sur notre passage; par peur j’imagine, pour fuir le prédateur que nous sommes? Et lorsqu’ils sautent ils retombent sur le pont ou nous arrivent dessus pleine balle. Plaf, et un calamar pleine poitrine; plaf et un calamar pleine face ! Ziiip ! Zut je viens de marcher sur un calamar ce qui me vaut une belle glissade dans le cockpit et une séance de nettoyage de l’encre toute noire ! J’ai un peu comme l’impression de participer malgré moi à une partie de paintball nocturne, hélas sans lunettes infra-rouge. Et l’adversaire est de taille et des plus silencieux. Chpaff, dans les cheveux !!! Je vais de ce pas remettre mon bonnet. 

Le vent souffle, nous avançons à 9-10 nœuds et nous croisons encore beaucoup de pécheurs donc pas question d’abandonner mon poste de veille.

Ah ! Non ! V’la que les poissons volants s’y mettent aussi!

Au petit matin, nous pouvons constater l’étendue des « dégâts ». Le trampoline a des allures de filet de pêche, le foc ressemble à un terrain de paintball. Sur le pont nous ramassons un plein seau de calamars, qui finiront en friture à la demande générale des moussaillons qui déjà s’en lèchent les babines…

 

8 novembre
Une semaine de mer, nous avons de la chance, le temps est beau, le vent avec nous, la mer pas trop forte et nous avançons bien. Pour l’instant c’est la traversée rêvée. Même Noé m’a avoué que ce n’était pas comme il l’avait imaginé. Lui s’était imaginé une traversé avec une mauvaise mer, des grosses vagues et un vent fort. Au départ il avait manifesté de l’inquiétude. Les premières nuits il avait du mal a s’endormir, il avait des idées noires. Puis en parlant avec lui, il nous a avoué qu’il ressentait les peurs et angoisses exprimées par les gens à terre qui nous voyaient partir des Galapagos vers le grand large, vers un océan qui leur était inconnu. Les premières nuits il a donc dormi avec nous jusqu’à ce ce qu’un soir rassuré et en paix,  il réclame son grand lit pour lui tout seul.

10 novembre
J’ai mal dormi. J’en peux plus des bruits du bateau, le bruit incessant des vagues, du vent, le bateau qui craque et qui bouge, qui bouge qui bouge en permanence…  La journée j’ai du mal à rattraper mon sommeil manqué de la nuit et la nuit j’ai du mal à bien dormir avant mon quart. Et quand je dors j’ai l’impression d’être éveillée. Il faut que je fasse du sport pour me fatiguer autrement que par le manque de sommeil ou la fatigue nerveuse du bateau qui bouge en permanence, tape, craque, ronfle et nous ballote. Ce sera bon quand nous arriverons et que nous pourrons passer une nuit au mouillage, sans bruit, sans bouger..

Vendredi 13… ça doit porter bonheur: nous venons enfin de pêcher un poisson et quel poisson! Une sorte de bonite noire de 20kg! Une bête magnifique, taillée pour la course et la chasse. Merci le poisson, merci la mer, nous avons notre stock de protéines pour la semaine. On commençait à se demander comment nous allions faire…

Pour l’instant nous avons tous trouvé notre rythme. Les jours passent, filent et ça deviendrait presque de la routine cette vie de haute mer. L’école le matin malgré les vagues, on a arrêté de pécher, car depuis hier nous avons pris 2 gros thons de 20kg et on ne sait plus ou les mettre. En tout cas nous avons beaucoup de chance avec le temps et le vent ! 

14 novembre
J’ai trouvé LE sport idéal pour m’aider à retrouver le sommeil…. L’équitation !!!
Rien de tel que de chevaucher la baume fougueuse de Planetocean!
3h de l’après-midi.
Debout depuis 1h du matin, suivit d’une matinée d’école, je m’apprête enfin à aller me coucher. La tête à peine posée sur l’oreiller, Olivier vient me chercher et m’annonce que la grand voile s’est déchirée !

Ah … oui … en effet. Elle est ouverte de part en part tout en haut. On affale sans trainer!

Après inspection des dégâts, ce «n’est qu’une » (grande) couture qui a lâché. Mais pas la plus grande, c’est déjà ça. Changement de programme… adieu mon doux oreiller, cet après-midi je le passerai donc dans le lasy-bag à faire de la couture assise sur la bôme… Je n’ai jamais réparé de voile, mais il y a un début à tout, et surtout y’en a pour de nombreuses heures au vu du travail à faire! Il faut que je m’y mette au plus vite, sinon les Marquises c’est pas avant la mi-décembre à la vitesse à laquelle on va avec seulement la voile d’avant.

15 novembre
« Aujourd’hui pas école ». « Youpii ! » « Eh oui, maman doit aller recoudre la grand-voile ». « Oooohh ?!….. »
J’ai passé la journée dans le lasy-bag, assise en équilibre sur la bôme à recoudre la grand-voile. Demain je devrais avoir fini.. J’espère que les autres coutures tiendront. Dommage que le voilier ne les ai pas reprises lorsque nous lui avons donné la voile à réviser avant de partir !

16 novembre
J’ai mal à tous mes doigts, le pouce gauche en particulier que je ne peux plus utiliser. J’ai mal au dos, j’ai mal au cul, comme si j’avais fait 10h de cheval. Remarquez, c’est un peu ça. Hier j’ai refait une journée de couture en équilibre sur la bôme. Et la mer qui me secoue, me balance et manque de me faire valser à plusieurs reprises…. Heureusement il fait beau, heureusement la mer pourrait être plus forte que ça, heureusement j’ai trouvé la bonne aiguille pour recoudre….. maintenant il faut que cette réparation tienne et les autres coutures aussi.

A midi,  au 05. 12′ sud et 126. 43′ ouest : nous venons d’envoyer avec les enfants une bouteille à la mer avec des dessins à l’intérieur et un petit mot en anglais/francais/espagnol.

17 novembre
L’air se réchauffe, le soleil et l’eau aussi. On se rapproche des Marquises, « plus que » 1650 miles….
Le temps est toujours au beau, la houle plus forte mais assez longue pour ne pas trop en souffrir. Parfois nous partons dans de bon surfs avec des pointes de vitesses à 16 nœuds… c’est amusant lorsque nous sommes réveillés, effrayant lorsque nous dormons dans la cabine avant et que nous sentons le bateau s’enfoncer, s’enfoncer, glisser glisser et accélérer, accélérer, accélérer… On a l’impression que ça ne va plus s’arrêter..
Cette nuit, à mon tour de faire une tentative de viennoiseries.. c’est sport avec la chaleur et le beurre qui fond… Ggrrr on va voir ce que ça donne.

MMMmmmm trop trop bon les viennoiseries !

Nous sommes maintenant au beau milieu de l’océan Pacifique (je me demande pourquoi Magellan l’a appelé ainsi… parce qu’il n’a rien de pacifique le bougre..) à plus de 1600 milles de toute côte, îlot ou quelconque rocher.
Galapagos-Marquises 3100 milles (un mille nautique = 1852 mètres) , environ 1 mois de mer, de grand large, de bleu à perte de vue, les escadrilles d’exocets (poissons volants) qui filent en raz motte (ou dirais-je en raz-écume) devant vous, les baleines qui vous saluent dignement d’un battement de nageoire, des dauphins qui viennent jouer dans nos étraves.

3100 milles avec les mouettes nocturnes comme compagnons de nos nuits solitaires (enfin ça c’est seulement les 300 premiers milles et c’est moins attachant que les calamars). Des nuits où l’on file dans le noir un peu comme dans une voiture lancée tous phares éteints sur l’autoroute à 150km à l’heure (200 aurait semblé exagéré, bien que plus proche de la réalité). On fonce droit devant tout en sachant que nous ne sommes pas à l’abris d’un quelconque OFNI (Objet Flottant Non Identifié), barque de pêche sans lumière ou cétacé endormi.

3100 milles entourés d’eau, de ciel, de nuages, mais aussi accompagnés de levés de lune dignes des plus grands films surréalistes, et de couchés de soleil des plus beaux romans d’amour.

C’est une vie au rythme des quarts de veille et des éventuelles siestes, des vagues qui vous chahutent, du vent qui fait ses caprices de star et du bruit incessant! Le bruit de l’eau qui tape, qui file, qui court sur les coques avant de dérouler son ruban d’écume derrière vous.

Ah… mais, la nuit ! La nuit c’est magique. Car même si l’eau devient noire et réveille nos idées toutes aussi noires (cette eau qui nous serait fatale si nous y tombions); cette même eau devient parfois phosphorescente et alors vous voguez sur une voie lactée, comme portés par les étoiles. Et si la chance vous sourit, vous pouvez même voir des dauphins fantasmagoriques nager dans ce plancton qui les fait briller de milles étoiles sous l’eau.  

Bon mais il est temps aussi de rompre le pacte du silence des marins. Parce que, ce que les marins ne vous disent jamais, c’est que:
-une trans-pacifique c’est aussi un mois de mer en huit-clos. Un mois sur une embarcation dont on ne peut descendre, qui jamais ne s’arrête. Et là, si vous saturez, pas question d’aller faire une balade en forêt, de rendre visite à des amis, d’aller promener les enfants, le chien etc. Le danger de cette vie en promiscuité, pour moi, c’est de m’y perdre et de m’oublier. M’oublier dans ma vie de couple, de mère et de sans cesses remettre à plus tard mes désirs, mes besoins. Olivier me dit souvent de prendre du temps pour moi, j’essaie, j’y travaille….. Je me remémore cette phrase des Kabat-Zinn: « Une mère doit avoir conscience de ses propres besoins et apprendre à prendre soin d’elle-même. Quand nous sommes nous même équilibrés, nous pouvons avoir conscience de ceux que nous aimons, de nos compagnons de vie, de nos enfants et de leurs besoins sans être obsédés par eux  »
une trans-pacifique, c’est parfois 2, 6, 10, pour les moins chanceux même 20 jours d’affilés durant lesquels la mer vous fait une démonstration de force. Alors nous nous sentons comme de pauvres chaussettes oubliées dans une machine à laver qui ne cesse de tourner. C’est comment dire… exaspérant? Humiliant? Éreintant!

Une longue traversée, c’est aussi la fatigue des nuits en pointillées et d’un corps fourbu. C’est un étrange équilibre entre un mental, des sens sur le qui-vive et un état de méditation, de pleine conscience nécessaire pour vivre sereinement une situation qui sinon pourrait devenir …. Angoissante ? … Insoutenable?
-La nuit ou dans le gros temps c’est se sentir tellement fragile face aux éléments, c’est avoir peur pour ses enfants. L’Homme qui contrôle, manipule, qui se croit souverain de la nature, de l’univers, n’est alors plus qu’un tout petit être vivant en sursis comme tout le monde. Parfois les cauchemars de vos nuits vous hantent même éveillés, les scenarii catastrophes tournent dans vos têtes.

Olivier : « Alors je me dis que ces frayeurs et psychoses devant les éléments sont finalement très saines et me rappellent simplement que je suis en vie. La vie est dangereuse, on a tendance à nous le faire oublier en adaptant totalement notre environnement à nos désirs. On veut nous faire croire que l’espèce humaine est supérieure à la nature qu’elle doit maitriser pour être en sécurité… Quand j’ai peur en mer, loin de tout (sauvetage, communication… et encore, on a une balise de détresse, un téléphone satellite, une survie…), je me souviens alors aussi que c’est mon choix, et la liberté que je ressens me donne le courage d’affronter les éléments.
Je crois que la liberté de l’âme se paye par la responsabilité des actes. »

Stephanie :  « Même si parfois j’espère que je n’en paierai pas le prix fort.
Alors il faut lâcher prise, il faut faire confiance en la vie, en l’amour, il faut vivre pleinement le présent, intensément, à la folie car déjà il n’est que passé.
Le vent forcit, on est à plus de 11 nœuds, le bateau est nerveux alors pour le confort de ceux qui dorment j’abats un peu, cap au 260. Tant pis pour les records de vitesse, je préfère économiser le bateau et les nerfs des passagers. Je préfère arriver saine et sauve aux Marquises. Je reprendrai mon cap plus tard.

Le vent et la mer forcissent encore, je reste à la barre… je sens que ça ne va pas être coton…

Tous ces détails ne vous parlent peut-être pas mais ils sont devenus pour moi, pour nous, notre quotidien et des paramètres vitaux. Ils rythment aussi nos journées de navigation car du temps, des vagues, du vent dépendent notre confort à bord et le choix de nos activités plus ou moins divertissantes (écoles, mécanique, entretiens divers, cuisine, ateliers de peinture, de musique, d’électricité, de chimie etc pour les petits et grands..). La nature dicte sa loi et nous fait vivre à son rythme.

Le vent forcit encore, je dois affiner les réglages du bateau (ce qui veut dire en gros, galérer pour réduire les voiles, ces fichus bateaux ne sont pas fait pour les bras de nanas… m’en fou, j’y arrive quand même ! Na!). Un groupe de dauphins vient me rendre visite et … m’apaisent. Une percée dans le ciel dévoile chastement la constellation d’Orion, du grand chien …. mon esprit voyage. La nuit pendant mes quarts, j’ai l’impression d’être dans des rêves éveillée, tout est onirique et pourtant si réel à la fois, les sens à fleur de peau. Soudain une vague m’assène une gifle magistrale, retour à la dure réalité. Face aux éléments je tiens bon, je me bats avec eux pour qu’ils me mènent à bon port, même si ce doit être la peur au ventre. Cela m’apprend la persévérance, moi qui aime tant vivre dans la seule jouissance.

Et les enfants ? me direz-vous. Et bien ils voguent avec nous au gré du vent, absorbés dans leurs jeux, les aventures épiques qu’ils s’inventent (souvent inspirées des lectures de Noé qu’il partage avec passion avec son frère). Alors leur bateau se transforme en une base aérienne, en une fourmilière géante, en une garrigue à la Marcel Pagnol pour y braconner des bartavelles, en une école des sorciers avec ses sorts, potions et êtres bizarres; et le cockpit souvent devient scène de théâtre, de magie (pour Noé) ou terrain de « Kasteborde » (Skateboard) ou « Skite surf » (Kite surf) pour Camille. Le matin quand le temps le permet ils font l’école, puis après le repas c’est un temps calme chacun dans sa cabine (lecture, dessin, puzzle, écouter ou jouer de la musique, meccano, Lego, sudoku ou mots mêlés, pâte à modeler etc.) L’après-midi ils jouent dans leurs mondes imaginaires ou nous faisons des ateliers manuels en tout genre, des parties à n’en plus finir de jeux de société, de « Can’t Stop » (merci au bateau H2o pour l’idée), de UNO, des expériences scientifiques ou de simples sessions de lectures durant lesquelles nous leur faisons découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux univers. Bref, pour les enfants c’est la routine, sauf qu’ils ne peuvent pas aller nager, courir à terre ou rencontrer de nouveaux copains ; alors en fin de journée c’est séance muscu, assouplissements et relaxation dans le cockpit. 

Aaaarrrhhhh !!!! Le vent me met les nerfs à vif ! Ça monte, ça monte… on est à 11-12 noeuds et on se fait des surfs à 14-16 nœuds !! Alors ça fait un bruit infernal. J’ai l’impression d’être sur le dos d’une bête… un dragon, et si je devais en choisir un, je dirais… tiens, je dirais : L’Affreux-Cauchemard. Ouais !, il me plait bien celui-là.

Mais j’exagère car PlanetOcean dévore la mer comme de rien, d’une stabilité inébranlable, comme sur des rails, il fonce dans la nuit. Je suis fière de mon bateau !

Nous prenons tout de même un ri de plus pour l’économiser, rien ne sert de forcer sur la bête. Pour les novices, prendre un ri ça n’a rien de drôle… Ça veut dire aller réveiller son capitaine (ce qui n’est pas une mince affaire), puis mettre le bateau face au vent, face aux grosses vagues. Je m’attache pour ne pas me faire embarquer par une vague et je vais à l’avant du bateau, au pied du mat, pour réduire la grand-voile. Olivier à la barre tient le cap. J’en prends plein la figure et je winch, je winch pour étarquer la voile. On va dire que c’est ma session sport de ce matin… Je reviens trempée dans le cockpit, Olivier reprend le bon cap.. Le bateau est moins fougueux, le capitaine va se recoucher, je suis trempée, j’ai froid… j’vais me faire un thé. 

Parfois je me demande pourquoi on parle de «navigation de plaisance»…  

Mais qu’est-ce que je fous là au beau milieu de l’océan ! Mes petits bouts dorment paisiblement dans leur lit douillet alors que dehors, comme suspendue au-dessus des abysses, je subis les humeurs d’une portion démesurément liquide de notre si belle planète. Impossible de faire demi-tour, ou de se dérober, notre délivrance se paye à coup de milles nautiques tracés sur un amas de vagues informes, un enchevêtrement de houles de nord-ouest, de sud-ouest et d’Est avec du vent toujours plus fort.

Mais comme diraient les bouddhistes… (Ben oui il est grand temps d’élevé un peu le niveau de ce texte, non?  Si ce n’est de part la qualité du style, du moins sur le plan spirituel…): «La vie est une longue chute, le plus important est de savoir tomber… Apprenez à aimer vos épreuves car ce sont elles qui vous bâtiront; qui donneront toute leur saveur à vos victoires.»

20 Novembre, pendant la nuit.
Enfin une petite pluie pour rincer le pont et laver le cockpit qui étaient vraiment très salés donc très inconfortables. Et puis la lessive y est passée aussi. Faut bien s’occuper…
Ah on se sent comme neuf ! Voilà, le bonheur, le bien-être ne tient qu’à cette petite pluie généreusement tombée du ciel. Ça change des pluies de calmars !

21 Novembre: TERRE!!!!

Au premier coup d’œil lancé au décor saisissant, grandiose, majestueux des montagnes des Marquises, les affres de la traversée sont déjà oubliées!!

On pourra dire que ce fut une belle trans-pacifique et que nous en sommes capables !!

Stéphanie

Galapagos retour aux sources

DSC_0128Les iguanes marins, les tortues géantes, les pinsons, Darwin… Voilà ce qui nous attirait vers ces iles isolées dans le Pacifique. Et nous n’avons pas été déçus !

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Le plus agréable, c’est que l’on peut approcher ces espèces uniques de très prés, elles sont peu farouches car habituées à ce qu’on les respecte ainsi que leur environnement. On doit toujours observer une distance minimale de 2m avec les animaux (mais eux ne la respecte pas!), et 2 mètres, c’est déjà très proche et ça nous a permis de nous assoir tranquillement avec les tortues, les fous à pattes bleues ou les iguanes en les regardant dans leur quotidien. Les pinsons et les moqueurs viennent d’eux même, curieux… tortue-centenaire

On se demande alors qui est observé…

 

 

Nous avons aussi eu la chance de nager avec les otaries, dont le comportement rappelle beaucoup celui des chiens : ils aboient, jouent avec des morceaux de bois et ont presque la même gueule que les canidés. On se demande s’ils ne remueraient pas la queue si elle était plus grande ! Les plus joueurs sont les jeunes et ils s’approchent de très pres pour nous toucher avec leurs moustaches rugueuses, viennent faire des bulles devant le masque ou lâcher un concombre de mer devant nous en hochant la tète rapidement, pour nous inciter a jouer avec eux. Nous avons tous apprécié cette complicité avec ces animaux sauvages dans la nature.

otaries

La faible fréquentation des sites, des plages et des sentiers était pour beaucoup dans notre plaisir de rencontrer ces animaux. On a souvent été seuls sur les sentiers et sur la plupart des sites. Certes nous étions hors période touristique, mais aussi le gouvernement équatorien vise un tourisme haut de gamme et les séjours sont très chers : peu de touristes, mais ceux-la paient cher. Ca permet de garder des revenus conséquents en évitant le tourisme de masse, qui pourrait être néfaste au parc.

Les iles des Galapagos sont un parc gigantesque au milieu de l’océan, les règles en sont strictes et les excursions très encadrées. On ne peut partir plonger sans un guide et les circuits sont bien organisés et souvent encadrés. La meilleur façon de visiter ces iles, a mon avis, est la croisière a bord d’un « crusero ». Certes ce n’est pas notre façon de visiter un pays, mais je pense que les bateaux de croisière permettent d’optimiser un séjour court. Ils s’arrêtent sur chaque ile et proposent les circuits qui vont a l’essentiel et font découvrir ainsi la spécificité de chaque ile.

Nous avons pu éviter les « circuits touristiques » parce que nous avions du temps et avons largement profité des plages a proximité de notre mouillage et des sentiers libres d’entrée. Nous nous sommes tout de même accordés quelques plongées (de 90 a 150$ la journée selon les sites, tarifs de la basse saison…) afin de voir de plus prés les raies aigles, mantas, tortues marines, hippocampe, petits manchots, requins des Galapagos et même requins marteaux !

 

ferme-de-BolivarLe temps nous a aussi permis de rencontrer les habitants, ce qui sur Isabella par exemple, aurait été impossible en n’y restant que quelques jours. Nous avons pu observer que les touristes ne restent que 2 a 4 jours sur l’ile et les locaux ne vont pas a leur rencontre, si ce n’est pour leur vendre une excursions ou un hôtel.

Pendant 2 mois dans ces iles, nous étions le seul voilier, et au bout d’une semaine certains étaient même surpris de nous voir encore, alors les gens se sont ouverts et nous avons découvert l’autre face de ce paradis touristique. Les revenus touristiques (guides, excursions en 4×4 ou bateau, hôtellerie) ne sont pas équitablement partagés et profitent surtout a quelques familles et organisations. Depuis peu, les revenus du parc naturel (taxes d’entrée principalement) vont directement au gouvernement d’Equateur et les dépenses du parc sont donc gérées depuis le continent. Cette mesure a été prise afin de limiter la corruption. Elle est certes efficace, mais prive aussi les institutions locales de leur réactivité et de leur faculté d’adaptation aux besoins. Les rangers ont peu de moyen pour surveiller cette zone énorme, du coup, l’évolution des structures en pâtissent et le braconnage est courant.

Alors que nous, les voiliers, sommes surveillés de très prés : interdiction de pécher, de nettoyer la coque du bateau, de visiter certains sites sans guide du parc… nous avons pu observer des pécheurs proches de la cote, avec ces grandes lignes (interdites a moins de 40 miles du parc) dont les hameçons attrapent sans choisir requins et autres espèces protégées, et vident le garde-manger des espèces locales. J’ai aussi été surpris de voir les pécheurs de langoustes avec leurs compresseurs, qui certes respectent la saison de reproduction, mais ratissent quand même les fonds afin de vendre leur marchandise localement et a l’exportation. Ce type de pèche est apparemment légale et les pécheurs étaient même surpris de savoir que c’est interdit ailleurs. Ces mêmes pécheurs vident aussi les fonds de ces fameux concombres de mer, dont les chinois raffolent. Mais les concombres de mer n’ont pas le même attrait que les tortues terrestres, aussi, si on reproche aux humains d’avoir surexploité les tortues (pour leur chair et surtout pour leur graisse, dont l’huile participait aux éclairages nocturnes des villes du continent), l’avenir des concombres semble moins intéressant… attention a la vengeance du concombre masqué !

Notre séjour prolongé nous a donc permis d’être témoins de ce complexe paradoxe entre respect du parc et de ses règles indispensables, et la recherche de revenus pour chacun. De nombreux jeunes pécheurs et paysans se sont reconvertis en guides touristiques et ont largement amélioré leurs revenus. Mais la volonté de limiter le nombre de visiteurs (les taxes et droits d’entrée au parc augmentent considérablement chaque année en vue de se limiter aux touristes riches) n’offrent pas de perspectives a ceux qui souhaitent changer d’activité. Les parties hautes des iles, plus fraiches et humides, profitent a l’agriculture et l’élevage, mais encore une fois, les jeunes s’en désintéressent. Ce qui est bien dommage : ils produisent des fruits et légumes de qualité, sans produits chimiques et les sols sont exemptes de bien des maladie du continent. Les oranges, citrons, mandarines, pamplemousses, maracujas (fruit de la passion), goyaves, ananas et autres fruits sont délicieux et on nous en a offert en grande quantité. La viande est aussi de bonne qualité et les chasseurs ramènent du cochon sauvage, parfois de la chèvre. La gastronomie équatorienne ne nous a pas laissé indifférent et je crois bien avoir repris quelques kilos pendant notre séjour…

Nous avons rencontré des gens admirables et conscients de leur patrimoine, mais nous avons aussi observé un consumérisme qui nous a paru déplacé et aberrant. La mode des supers androïdes et fringues de marque sévit jusqu’ici. Chacun veut son super écran plasma et ses lunettes Oklay. Les taxes en Équateur vont jusqu’à 100%, auxquelles il faut ajouter le cout du transport, donc le prix d’un T-Shirt de marque ou du dernier téléphone est, aux Galapagos, 2 a 3 fois le prix américain ! Alors ma conscience me demande : « comment peut-on associer la société de consommation avec un parc naturel unique au monde ? ». Heureusement nous avons aussi rencontré des jeunes (peu nombreux), pleins d’enthousiasme et admiratifs de la nature environnante, qui préfèrent, par exemple, acheter une combinaison de surf ou du matériel de plongée. Je pense qu’il y a un réel effort a faire du coté de l’éducation, pour sensibiliser les jeunes a l’environnement dans lequel ils vivent.

Les premières générations sont arrivées dans un pays vierge et hostile, ou il a fallu tout construire. Ces pionniers ont créé l’agriculture et l’élevage, qui permet maintenant a ces iles d’avoir une relative autonomie. Les nouvelles générations vivent sur ces acquis et l’héritage des biens fonciers qui ont pris énormément de valeur.

Et Darwin dans tout ça ? En fait, par rapport au temps qu’il a passé sur ces iles, son impact et son souvenir on été très importants. Il s’est notamment principalement appuyé sur ses observations des pinsons pour l’élaboration de sa théorie, mais si il avait eu plus de temps, il aurait surement approfondit ses observations sur l’évolution des tortues géantes, qui se sont adaptées de façon différente sur chaque ile.

Pour nous, simples visiteurs, les caractéristiques des tortues et leurs facultés d’adaptation sur chaque ile est beaucoup plus facile a voir : elles sont bien plus grosses et moins rapides que les pinsons. Cela nous laisse le temps de les observer tranquillement, de remarquer a quel point leur cou s’est allongé afin d’accéder aux plantes plus hautes… Certaines font plusieurs centaines de kilos, mais cela ne les empêche pas d’aller ou elles veulent, malgré le terrain accidenté par les éboulis volcaniques enchevêtrés de plantes et d’arbres rustiques.

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Mon meilleur souvenir reste la nage avec les otaries. On peut, sans que cela ne semble les déranger, les observer se faire des câlins et jouer ensemble. Puis quand elle en a eu envie, l’une d’elle est venue me voir, curieuse comme moi. Ses grands yeux noirs m’ont observé et captaient chacun de mes mouvements. Je jouait a l’imiter en me mettant sur le dos, la tête en bas, buvant une goulée d’air a la surface de temps en temps, faisant des bulles dans sa direction. Alors je plongeait en tournant et c’est elle qui m’imitait et filait comme une flèche entre mes jambes. Quelle agilité ! Après 10 minutes de jeu, je n’en pouvais plus, a bout de souffle… elle est retournée voir ses copines.
cliquez sur ce lien pour voir la vidéo:  oliv&otarie

Olivier

Nos années Kuna Yala

KUNA YALA
(Kuna se prononce Gouna.  Etym: « Yala » montagnes, terres; Les montagnes Kunas)

carte panama territoire Kuna

« C’est le territoire des kunas défini en 1953 par la Carta Orgánica de la République du Panamá. Appelé dans le document d’origine  Comarca de San Blas c’est plus récemment qu’il reçut son nom kuna pour devenir Comarca de Kuna Yala et depuis 2010: Comarca de Guna Yala. Ce territoire autonome comprend une bande de terre de 320 000 ha le long de la côte Atlantique du Panamá allant de Puerto de Obaldía, à la frontière avec la Colombie, jusqu’à la Punta de San Blas à l’ouest, soit une longueur d’environ 230 km. Il comprend aussi plus de 365 iles coralliennes qui s’égrainent tout le long du territoire continental, toutes aussi belles les unes que les autres, affleurant à peine, souvent ourlées d’un lagon turquoise »  M. Lecumbery

 

Olivier
Je me souviens que notre arrivée au Kuna Yala fin Juin 2013 fut très dure. Après 5 jours de navigation sportive en provenance de la Jamaïque, nous étions heureux de pouvoir enfin poser notre ancre et nous reposer. Mais à 5 miles de l’arrivée, nous avons essuyé notre premier « coup de pollo » : dépression de quelques miles de diamètre, avec de fortes précipitations, de l’orage et des vents violents. Certaines rafales atteignent 70 nœuds! Heureusement, ça ne dure pas longtemps, juste assez pour bien flipper.

polloCes « culo de pollo », traduire « cul de poulet », furent très fréquents les premiers mois qui suivirent notre arrivée, presque tous les jours ou nuits et j’avoue que j’en ai beaucoup souffert. En général ça arrive à 3 ou 4h du matin et ça vous réveille pour une heure. On enfile alors notre veste de quart et je démarre un moteur pour être prêt au cas où l’ancre dérape malgré les 60m de chaine! Le danger vient aussi des autres bateaux à coté de nous, qu’on distingue à peine. On en profite aussi pour refaire le plein d’eau douce en récupérant l’eau de pluie (seul point positif…). Quand l’orage est là, on ne voit plus les iles autour et encore moins les récifs environnant, c’est assez stressant sans parler des éclairs qui menacent de nous foudroyer.

 

pollo2Une nuit on a évité la catastrophe de très près. L’ancre avait dérapé, j’étais aux commandes, moteurs en route, Steph sur le pont avec un phare pour se repérer, quand soudain un éclair a illuminé un récif à 2m de la coque bâbord! Un deuxième éclair met à jour un autre récif « à 1m sur tribord » me crie Stéphanie! Une grande marche arrière et une bonne frayeur plus tard, nous sommes allés mouiller plus loin dans le lagon, au milieu de nulle part.

La fatigue des mauvaises nuits, les frais d’entrée au Panama (à peine arrivés vous devez alléger votre portefeuille de plus de 600 dollars) et le manque de bateau-copain m’ont démoralisé ces premiers mois.

Heureusement le temps s’est amélioré, les rencontres humaines nous ont réchauffés les cœurs et nous avons ensuite pu visiter ce magnifique archipel avec plus d’enthousiasme. Le voyage pouvait continuer et j’oubliais mes envies de retour à terre.

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après la pluie, le beau temps! Tortuga island, la mer des Caraibes derrière

Stéphanie :
Comme vous deviez vous en douter, si les magnifiques iles du Kuna Yala n’avaient été que plages de sable blanc, eaux cristallines et cocotiers nous caressant de leurs ombres bienfaisantes, nous ne serions pas restés deux ans au Kuna Yala.

ile arc camilleile arcile pirogue

Mais alors, comment vous parler du Kuna Yala? Comment vous faire partager cette escale devenue initiatique, sans la dénaturer, sans la balayer de clichés grossiers, sans la peindre aux seules couleurs exotiques dont le monde raffole?

arrivée aux SanBlas en lanchaCar le Kuna Yala est justement l’antidote à l’exotisme mis « touristiquement » en scène, au folklore avec ses coutumes en carton-pâte. Et notre devise « faire un voyage à la rencontre de l’Autre » a pris ici toute sa dimension.

Nous avons certes su prendre le temps, mais surtout nous avons accepté de changer notre regard et osé rentrer dans la vision du monde de l’Autre.

Les Kunas nous ont en quelque sorte appris à aller vers l’Autre. «L’Autre compris non pas dans son irréductible différence mais dans sa proximité, et même dans sa proche fraternité». (JC. Guillebaud)

Il s’est effectué alors tout naturellement un partage de vie qui à jamais nous changera dans nos âmes.

famille kunaEn arrivant au Kuna Yala nous avons eu l’impression de pénétrer au cœur d’un documentaire de National Geographic. Nous regardions les indiens Kunas comme d’étranges êtres aux coutumes obscures. Nous les voyions comme hors du temps. Un peuple mystérieux et inaccessible.

 

femme6Or avec le temps ; car toute la richesse de notre aventure réside justement dans ce temps que nous avons décider « de prendre », non pas dans le désir insolent de vouloir l’arrêter, mais de le vivre pleinement…. Avec le temps donc, ces indiens qui nous paraissaient si différents, sont devenus des hommes comme vous et moi, et avec encore plus de temps, nous avons pu les rencontrer, que dis-je, nous rencontrer, partager nos vies. Grâce à ce voyage, la routine de l’autre se partage, les étrangers que nous sommes peu à peu se transforment en une rencontre, devient un repas préparé ensemble, une cérémonie ancestrale partagée (chicha*), un panier tissé à 4 mains, une mola** cousue l’un à coté de l’autre, une sortie en mer entre amis, une pêche miraculeuse…

Olivier:

village5Le Kuna Yala, aussi appelé San Blas par les panaméens, sont un groupe d’iles proches de la cote atlantique du Panama, mais aussi une grande région côtière du pays, voisine du Darien. Les indigènes Kunas qui les occupent, sont organisés en communautés de villages eux même organisés en sorte de coopératives. Ils vivent principalement de pêche, des plantations à terre et du commerce de la noix de coco. Ils ont leur propre langue, mais beaucoup d’entre eux parlent aussi l’espagnol. Les iles les plus proches de la Colombie, que nous avons tant aimé parcourir, sont les plus conservatrices, les plus traditionnelles, encore préservées du tourisme, de la société de consommation à outrance. Les iles villages ont des Sahilas (chefs de village et chefs spirituels) qui savent encore accompagner leur peuple dans la tradition. Leurs valeurs sont celles de Mère Nature, les hommes en sont leurs « serviteurs » et ont pour mission de la protéger.

poissonnier

on ne fait pas les courses, les pecheurs viennent a nous

Les relations avec les Kunas peuvent parfois paraître difficiles, certains les trouvent mercantiles, conservateurs ou fermés. Je crois qu’ils sont surtout timides et réservés. Nos rencontres avec les Kunas furent très différentes d’une ile à l’autre, et nous nous sommes souvent interrogés sur notre impact sur leurs communautés et leurs traditions. Certaines iles villages ont des lois très strictes : alcool, tabac et télévision interdits, alors que d’autres sont plus libres. Certains villages que nous avons visité ne voient que 4 ou 5 voiliers par an, mais ce n’est pas pour autant que les habitants se ruent sur nous à l’arrivée. En général nous avons l’impression de passer inaperçus, nous pouvons airer dans les villages librement et naturellement, partager le quotidien d’un peuple qui nous accueille comme des hommes et femmes égaux. Puis avec le temps, la timidité s’estompe, les langues se délient et la complicité s’installe. On a envie d’échanger, échanger des pensées (fonctionnement de la politique Kuna, de leur philosophie), des recettes de cuisine, des idées d’artisanat et parfois quelques cadeaux. J’ai échangé un cordage contre une machette, Stéphanie troque des molas contre des vêtements d’enfants, un paquet de farine vaut largement son poids en citrons frais.

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lancha de légumes frais

A Puerto Perme, près de la frontière colombienne, nous avons sympathisé avec une famille du village. Le papa, Andres, parlait bien espagnol car il avait travaillé quelques femmes cuisineannées à Panama City. Il nous a expliqué comment fonctionnait sa communauté, je suis allé péché avec lui et nous avons partagé le repas dans sa hutte familiale. Stéphanie a appris à tisser les paniers, cuisiner le Doulemassi (soupe traditionnelle Kuna) ou à faire les Winis, bracelets kunas que les femmes portent aux bras et aux jambes, les gardant ainsi aussi fines que possible (à chacun ses canons de beauté) et dont les motifs ancestraux transmettent aussi la culture de la Terre Mère. C’est là aussi qu’elle a commencé à apprendre la langue Kuna.

noe pirogue6Et les enfants ? Comme d’habitude, ils ont disparus avec leurs nouveaux copains admirer toucan, perruches et autres « mascotas » (comprendre : animaux de compagnie), partager une partie de foot ou naviguer en pirogue a voile. Au cours de ces deux années dans le Kuna Yala, ils ont appris l’espagnol et un peu le kuna et se sont ainsi fait des copains dans chaque ile (à défaut de copines dans chaque port).

 

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Stéphanie

¡Un indio sin tierra, es un indio muerto!Mais…. aaahhh, à croire qu’il y aura toujours un MAIS… ? Cette riche culture que les Kunas nous ont fait si généreusement partager, sans l’avoir non plus totalement percée, devient peau de chagrin sous l’influence du tourisme qui s’empare des valeurs ancestrales de ce peuple. Les Kunas ont pourtant résisté vaillamment aux affres de la colonisation, jusqu’à faire une révolution sanglante il y à 90ans pour acquérir leur autonomie et indépendance, car comme ils disent : « un indien sans terre est un indien mort ».

femmes mains mola

les winis affinent les bras et soulignent les couleurs de la mola (chemisier)

Mais aujourd’hui ils sont sans défense contre l’invasion du dollar. Heureusement ce tableau n’est pas uniformément peint de la même couleur sur tout l’archipel. Le sud-Est reste peu fréquenté par manque d’accessibilité et les touristes y sont rares. Ces villages peuvent ainsi préserver leur mode de vie simple et proche de la nature. Pour combien de temps? Cela dépendra du niveau de discernement des sahilas du peuple Kuna et du degré de respect des futurs visiteurs.

Espérons que dans les années à venir, il ne reste pas seulement de cette culture, des Molas, des Nuchus (figurines en bois incarnant l’âme des Kunas) et des Winis exposées dans les vitrines de boutiques à souvenirs.

village steph kuna2Le KunaYala fut pour moi une école de la vie, où mes leçons me furent données « par des précepteurs inconscients de leur charge à une élève inconstante, toujours sur le départ, mais venue de très loin pour recevoir l’enseignement » (S.Tesson).

Parmi tant d’autres… je me souviens de :

Lisa (de l’ile de Rio Sidra) ou Prado (de l’ile de Soledad Miria) créateurs de Molas, artistes à mes yeux, qui m’ont généreusement fait partager leur connaissances des Molas, des contes qu’elles illustrent, des symboles et traditions qu’elles transmettent souvent rêvées par son créateur.

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Bredio (dans les iles Robeson). Un homme magnifique de part sa sage philosophie de la vie. Orphelin à 6ans, il fut adopté par une famille Kuna qui l’emmena vivre sur la grande ile de Carti. Quand il fut en age d’aller à la grande école, ils bredio3partirent alors s’installer à Panama City. Là il pu apprendre un métier et l’espagnol. Autour de ses 24 ans, alors que Bredio avait une très bonne situation à Panama city, alors qu’il « gagnait très bien sa vie » comme on dit, un vide subsistait, une aigreur lui faisait perdre la saveur des « bonnes choses » que la ville, le développement avaient à lui offrir. Il partit alors à la recherche de sa famille sur son ile natale et comprit alors que là était sa vraie vie. Loin du « confort » de la vie moderne il trouva l’apaisement de la vie traditionnelle. « Ici plus besoin de courir pour posséder toujours plus. Ici tu manges ce que la Terre Mère peut t’offrir si tu veux bien te donner la peine de la cultiver ou de pécher. Ici tu partages ta vie avec les tiens et vis le moment présent avant que demain il ne devienne déjà le passé. » (Bredio).

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Téo dans son musée

Téo (de l’ile de Nalunega) qui avait transformé sa case en un musé d’hier et d’aujourd’hui. À travers ses sculptures, récits et peintures, il raconte aux enfants du Kuna Yala (et aux quelques touristes curieux) la version Kuna de l’histoire de l’humanité et fait vivre la mémoire des Kunas (histoire, médecine, traditions). Musé d’aujourd’hui aussi, car pour sensibiliser son peuple à la menace que représente la consommation à outrance au détriment d’une Terre que l’homme a pour mission de protéger, Téo a construit sa case en bouteilles de plastiques, tongues et autres déchets ramassés devant sa case au bord de l’eau, comme vomis par la mer, trop plein d’un autre monde, dit «civilisé ».

 

 

Je pense aussi à Achu, artiste peintre KunaP1020490 (et poète à mes yeux), son cœur que dis-je, son âme partagée entre sa vie de famille au Canada et ses racines au Kuna Yala où il revient 5 mois pas an. Un pied dans l’occident capitaliste matérialiste et l’autre dans la philosophie naturaliste Kuna le tout donnant naissance à des peintures où la culture Kuna et notre Terre Mère se débattent dans les tourments de cœurs humains à la dérive.

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Je pense aux parents de Achu que je connais à peine, mais je les voie encore assis l’un à coté de l’autre devant leur maison à Ustupu, vieux, tendres, lucides et à la fois paisibles, connectés au monde, à l’univers.

Les Kunas : leur culture encore fortement ancrée les rend fiers de leur peuple, de leurs traditions et nous saluons cette sagesse. Ils n’ont nullement besoin de nous pour bien vivre et ce fut une chance pour nous de naviguer entre ces iles et de rencontrer ces indiens qui devinrent nos voisins d’un temps.

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Si vous souhaitez en savoir plus sur cet incroyable peuple, nous vous recommandons vivement la lecture des articles et livre de Michel Lecumbery:
http://www.sagapanama.fr
http://www.sagapanama.fr/article-les-iles-san-blas-traditions-et-molas-kunas-le-livre
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kuna tribu

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grande case de la Chicha

 

* la chicha est une cérémonie traditionnelle kuna de plusieurs jours célébrant une étape de la vie d’une fille (première coupe de cheveux, menstruations,mariage). La famille et tout le village se réunit et boit la « chicha fuerte », une boisson à base de jus de canne fermenté.

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PlanetOcean sur Bordeaux.tv

Retrouvez-nous sur Bordeaux.tv pour avoir un petit avant-gout de notre looonnngue escale au KunaYala. Bientôt d’autres articles suivront pour partager avec vous l’incroyable univers des indiens Kunas!!!

« Planet Ocean Adventure est le voyage extraordinaire de cette famille partie de Bordeaux et naviguant sur les mers et océans au gré des rencontres depuis novembre 2011. Un voyage ayant aussi un but culturel, humanitaire et environnemental grâce à leur association Planet Ocean Friendship. »
http://www.bordeaux.tv/escale-panama-planet-ocean-adventure/

Stéphanie

 

Bateau Art-I-Stick expose à Bordeaux!

Venez nombreux à la première exposition de Bateau Art-I-Stick!

Du 13 au 19 Juin, à la Salle St Augustin de la Mairie annexe de Bordeaux (France).

Vernissage le vendredi 13 à partir de 19h30 en présence de Monsieur Alain Juppé, Maire de Bordeaux.

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Cette exposition sera accompagnée d’une exposition et d’une vente d’artisanats des Indiens de Panama au profit de notre association PlanetOcean FriendShip.

MERCI !!!
Un grand merci aux artistes qui nous font confiance et disent « Oui! ». J’en profite pour faire un appel à tous les autres artistes qui n’ont pas encore dit oui….

Un grand merci au soutien de notre ville de Bordeaux, de notre maison de quartier de St Augustin  « La Maison des 5Sens » et les « JSA » , des écoles de notre quartier qui nous suivent depuis notre départ et nous permettent de partager notre aventure et à Anne Deloule sans qui cette exposition n’aurait pas pu avoir lieu.

Un grand merci aussi aux partenaires qui nous soutiennent depuis notre départ, en particulier à:

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sans qui ce projet Bateau Art-I-Stick ne pouvait prendre vie!

 

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Pixagram pour leurs superbes impressions.

 

giraud Philippe Giraud de la maison Roberd Giraud, et son magnifique vin.

Keen logo   qui nous fait avancer pas à pas dans cette aventure humanitaire.

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qui protège nos enfants dans leurs péripéties de plein air.

Les iles des San Blas au Panama

Pirogue Kuna aux couleurs de Panama

Beaucoup d’entre nous n’ont entendu parler du Panamá que grâce au canal, cette merveille technologique du siècle passé, preuve de l’ingéniosité et de l’acharnement de notre espèce. panama1Mais le pays est bien plus qu’un lieu de transit pour ces cargos et porte-conteneurs qui distribuent leur cargaison aux 4 coins du monde. Panamá est un jeune pays Latino-américain adoptant plus facilement le mode de vie américain que Latino, surtout à Panamá City. Mais c’est aussi le pays de plusieurs communautés d’indigènes (les Ngobé Buglé, Wounaan, Embera, Kuna…), présentes bien avant l’idée du fameux canal et qui ont dû
se battre pour conserver leurs cultures et leurs territoires.

Les provinces de Panama et les communautés indiennes.

L’histoire du Panama est très liée à celle de la Colombie et les frontières actuelles ne tiennent pas compte des racines des communautés d’indiens encore présentes, notamment dans le Darien. Nous avons eu la chance de rencontrer les indiens Emberá ainsi que les Kunas dans le Kuna Yala («San Blas» en espagnol).

Séjour en immersion chez les indiens Embara Quera

Immersion chez les indiens Embera

        Noé en Embera Quera camille son coeur chavire

Le Panamá, pris entre deux océans, entouré par le Costa Rica et la Colombie, n’est pas la destination touristique la plus prisée d’Amérique centrale. Le Costa Rica, par exemple, attire bien plus de touristes. Mais les trésors cachés du Panamá commencent à se dévoiler, et les circuits touristiques se développent.Nous avons été témoins de cet essor dans les San Blas (Kuna Yala), où les indiens kunas s’organisent pour accueillir plus de touristes chaque année.

panama_map

Du coté pratique, Les îles du Kuna Yala sont assez difficiles d’accès. Soit on y arrive en voilier depuis Portobelo (côte caraïbe près de Colon), c’est alors une navigation de 50 miles à la voile, environ 80 km (si les conditions sont bonnes, une nuit ou une journée). Soit on part de Panamá City (qui se trouve sur la côte pacifique) avec un taxi 4×4, qui après 3h de route nous dépose sur la côte caraïbe dans le territoire Kuna.

arrivée en lancha dans le KunaYalaDe nombreuses «lanchas» (barques) à moteur attendent là et peuvent nous déposer sur l’île de notre choix (5min à 1h de trajet). Certaines îles sont aussi pourvues d’aéroport, et en s’yprenant suffisamment à l’avance, on peut réserver un vol interne, de Panamá City à Corazon de Jesus, par exemple. Le petit bimoteur survole alors l’archipel des San Blas avant d’atterrir sur une piste à peine bétonnée, sensations garanties et paysages époustouflants!

aérodrome pres de Mamitupu

vue du ciel de Michel        Photo: www.sagapanama.fr.

 En général nous faisons un approvisionnement suffisant à Portobelo pour pouvoir rester 2 ou 3 mois dans le Kuna Yala. Les Kunas vivant dans les îles sont autonomes, se nourrissant principalement de poisson, riz-coco, bananes et ignames.

Poulets aux SanBlasNous ne trouvons sur place que l’alimentation de base et l’approvisionnement en frais est une organisation aléatoire. Nous dépendons pour les fruits et légumes des lanchas qui viennent de la terre, leurs jours de passages sont très irréguliers et la diversité des produits offerts dépend du nombre de mouillages desservis avant..

Quand le marché des SanBlas vient a vousEnfin des fruits frais!

 Certaines îles ont des petites «tiendas» (kiosques) où l’on trouve toujours du riz, du concentré de tomates, des allumettes, des machettes, et parfois même des pâtes.

Notre vie dans les San Blas ressemble à un campement du bout du monde avec les préoccupations de la vie en autarcie. La gestion de l’eau et des vivres est une activité quotidienne. En saison humide, la pluie récupérée nous donne suffisamment d’eau pour vivre à 4 (boisson, douche, vaisselle et lessive). En saison sèche, nous devons souvent aller refaire le plein d’eau sur certaines îles proches de la terre disposant d’une source. Cela prend la journée car le débit est souvent faible. Pour le poisson et les fruits de mer, je vais souvent à la pêche et les fonds sont riches de lambis, langoustes, crabes et poissons. Ici les poissons ne sont pas touchés par la ciguatera et tout est comestible, on se régale souvent de sashimis de pagre ou de bonite ! Nos journées sont alors rythmées par l’école des enfants et l’entretien du bateau le matin, la pêche, la baignade et les rencontres l’après-midi.
Le Kuna Yala est un territoire hors du commun. Ce décor d’îles «cartes postales» estmagnifique, les navigations entre chaque mouillage sont tranquilles et agréables. Les Kunas sont timides mais accueillants et nous avons de la chance de pouvoir découvrir ce coin du monde, si beau et si calme à la fois. Grâce à leur persévérance et à leur intégrité, les Kunas ont su préserver leur patrimoine et ils l’exploitent à présent de plus en plus avec le tourisme.

¡Un indio sin tierra, es un indio muerto!

« Un indien sans terre, est un indien mort! »

 Mais il faut garder à l’esprit que ces îles ont été façonnées par des générations, pour la survie des communautés. En effet, à leur arrivée, les îles étaient sauvages, la mangrove et la végétation empêchaient toute culture et il leur a fallu en défricher plusieurs pour y planter des cocotiers et ainsi changer le paysage. La récolte des noix de coco pour le commerce avec la Colombie est depuis longtemps une source de revenus importante pour les kunas, mais ce sont ces mêmes îles qui attirent maintenant les touristes.

Olivier

Novembre 2013, 2 ans déjà!!

DSC_032211 novembre 2013

Aujourd’hui nous entamons notre 3ieme année sur Planet Ocean. Facile à retenir, nous sommes partis le 11/11/2011.

 

A vous toutes et tous qui sans cesse nous répétez de ne pas rentrer (que chez vous c’est la crise, la récession, que les jours sont gris et froids), de continuer notre voyage même si nous vous manquons beaucoup.
A vous mes amis, ma famille qui nous soutenez sans limite. Sachez que cette folle aventure ne peut être vécue pleinement et sereinement que parce que vous accompagnez chacune de nos journées, de nos émotions, de nos expéditions au coeur de la nature, des hommes, de la vie. Depuis le début de cette aventure nous nous sentons portés par votre amour, entourés de chacun de vous et cela nous donne des ailes.
Alors à vous toutes et tous je vous promets de profiter pleinement de chaque instant, de la richesse de nos rencontres, de la beauté du monde, comme des moments de galères, de nos peurs, de nos doutes, du stress que ce style de vie comporte aussi.
Au vu du contexte actuel en Europe (et ailleurs, je vous rassure, y’ a pas que chez nous), nous avons décidé de continuer cette aventure extraordinaire. Combien de temps? Qui sait? Des mois, des années… Ne regardons pas trop loin, l’avenir c’est aussi maintenant, alors on en profite et on verra bien ou les vents nous emportent.
Le passage du canal de Panama est prévu pour 2014, avis aux amateurs. Puis les Galapagos et les Marquises, et les longues navigations dans le Pacifique!
A bientôt…

Stephanie et Olivier

Jamaique-Panama Juillet 2013

Jamaïque, mardi soir, 2 juillet 2013

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 A nous les 5 jours de navigation digne d’une vraie fête foraine: avec une mer, disons … très agitée, 30 noeuds de vent de travers prévu, houle forte (de travers)!   Ca faisait 10 jours que nous attendions une «bonne» fenêtre météo pour faire cette traversée réputée comme difficile et dangereuse, mais avec les ondes tropicales qui se succèdent c’est ce que nous avons trouvé de mieux. En quittant la Jamaïque dans la queue d’une dépression nous allons tenter de passer entre deux ondes et arriver au Panama avant la prochaine tempête.

A peine sortis de la baie de Port Antonio nous nous faisons chahuter dans tous les sens, des vagues de 4 à 5 mètres dans le pif, comme le vent. Nous en avons pour une dizaine d’heures comme ça, avant de pouvoir prendre une route plus à l’Ouest directe vers le Panama.
Je reçois alors un message sur le téléphone satellite concernant mon neveu: «Alexandre est reçu à ses examens!». C’est la goutte d’émotion forte qui fait déborder le vase, je pleurs, je ris d’excitation, je saute de joie. Oh Merci Alexandre pour ce beau cadeau, cet intense moment de grand bonheur, je suis SI fière de toi! Cette émotion c’est sûr m’accompagnera pendant ces 5 jours de traversée qui ne s’annoncent pas folichons.

 2ieme jour de navigation
J’ai des bleus et courbatures partout à force de me cogner à chaque grosse vague qui nous secoue comme un prunier. Heureusement la houle n’est pas aussi courte que nous le craignions, le vent est bon et nous permet de filer à toute berzingue vers le Panama. Si ça continue comme ça notre pari sera tenue et nous arriverons avant la prochaine tempête tropicale qui est déjà sur le sud de la Caraïbe.

Vidéo: traversée Panama – Wi-Fi

3ieme jour
Nous passons entre les mailles du filet. Nous échappons de justesse aux énormes orages qui nous encerclent, font grossir la mer et forcir le vent, mais nous épargnent à chaque fois. Dans ces moments je suis contente que nous ayons un bateau rapide et solide. Planet Ocean fend la mer à toute balle, tel un cheval pur-sang. Mais je l’avoue dans ces même moments, quand la fatigue me gagne, je me demande pourquoi nous n’avons pas choisi de faire notre tour du monde à bicyclette ou tout simplement à pied? Même si jamais je n’ai regretté d’être partie et n’échangerais pour rien au monde ma place pour un bon canapé douillet au coin du feu. Hmmm quoique.. là tout de suite, après la grosse vague que je viens de me prendre en pleine figure…. Je suis trempée, salée jusqu’aux os depuis 3 jours… je vais aller essayer de me faire un bon thé chaud (sans m’ébouillanter).

P1010409 P1010417Et les enfants me direz-vous? Ben pour eux la vie continue comme au mouillage. Ateliers le matin (ils ont même demandé à faire du tricot ou de la broderie!), bons repas, siestes bercé par les vagues pour Camille et lectures pour Noé, puis parties de lego, UNO, jeux de société les après-midi ou parties de pêche miraculeuses entrecoupées d’histoires lues par les parents ou par Noé. Ils trouvent très vite leur rythme, bien que Noé se plaigne de temps en temps des vagues qui le bousculent un peu trop quand il veut faire ses coloriages ou collages. Le soir nous admirons ensemble le puissant spectacle de la mer et des orages avant d’aller se coucher ou de prendre son quart de nuit.

 4ieme jour: Au petit matin le Panama est en vue!!!
P1010520Nous approchons de l’ile de Porvenir dans le Kuna Yala (San Blas). Nous y sommes presque, mais le ciel est menaçant, un énorme orage se prépare au loin. Je ne sais pas si nous allons y échapper cette fois….

 A peine avais-je le temps d’écrire cette dernière phrase qu’il nous est tombé dessus! Soudain un vent violent se lève, une pluie cinglante s’abat sur nous! C’est la nuit en plein jour, on n’y voit plus rien sauf quand les éclairs frappent et électrisent la mer déchaînée. Nous ne sommes qu’ à 3 miles des côtes, nous devons redoubler de prudence car les récifs sont nombreux par ici. Du coup nous décidons de faire demi tour le temps de l’orage. Si près du but nous voilà déjà sur le chemin du retour!!!

Après-midi: Ouf enfin arrivés! Une bonne sieste, un bon repas et la fatigue est presque oubliée.

Tout compte fait nous avons eu beau temps pendant cette traversée!!!   😉

Le dépaysement est immense, nous nous sentons vraiment au bout du monde ou en plein reportage de National Geographic.Très vite nous faisons connaissance avec les premiers indiens Kuna. Je sens qu’on est pas prêt de repartir de si tôt.

C’est splendide!

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Stéphanie

Cuba ça fait réfléchir…

julioLorsque j’ai rencontré Julio l’année dernière à Cuba, après seulement quelques heures, je l’avais quitté en regrettant de ne pas pouvoir passer plus de temps avec lui. Comme lisant dans mes pensées, en claquant la porte du taxi qui me ramenait à Santiago il m’avait alors dit «ne t’inquiète pas, nous nous reverrons». Je ne le savais pas encore, mais il avait raison. Quand je l’ai enfin retrouvé à son travail à la Casa del Caribe ce vendredi 24 mai, j’ai été comme prise dans une tornade d’amour, d’énergie positive et d’une richesse intellectuelle enivrante.

Il est brillant Julio, vif, aimant, curieux, passionné et passionnant. Il m’a fait rencontrer ses collègues qui avaient du mal à le croire lorsqu’il relatait nos récits de voyage. Alors, preuve vivante de ses récits, je leur racontais à mon tour notre mode de vie et de voyage.P1010111

Puis nous avons planifié les événements des jours à venir à son village de El Cobre. Rencontres avec les peintres, séances de cinéma (aux enfants du village, ceux de l’hôpital des enfants touchés par le SIDA et le centre des orphelins de la région), diaporama pour expliquer notre voyage (montrer P1010198notre bateau, raconter la vie en mer), interviewer les peintres, rencontrer un grand musicien de Steel Band originaire de El Cobre, sans oublier bien sûr la visite de la Basilique de la Vierge de la Charité du cuivre (patronne de Cuba).

 

Nous y basiliqueavons allumé deux cierges. Un pour la dame de la maison verte de la marina (les voiliers qui sont passés a Santiago sauront de qui je parle) et un pour nous, pour que la vierge prenne soin de nos proches, de nous, protège notre voyage et nos vies. Je fus très émue en voyant les nombreuses offrandes des pèlerins: des mèches de cheveux, beaucoup de stéthoscopes, des dessins d’enfants, des prothèses de jambes, des plâtres, des médailles de guerre ou de champions sportifs cubains, des diplômes, des fruits, des broderies, des bijoux, le prix nobel de littérature de Hemingway! Etc. C’est bouleversant de voir tant de témoignages de guérison, d’affection et de gratitude.

P1010070Nous avons apporté à Julio (représentant aussi de l’association «Un Regard, Un Enfant») les derniers dons que nous avions collectés en Martinique (vêtements, chaussures, livres, jouets) car nous savons qu’il saura les redistribuer intelligemment et justement aux plus démunis. Il connaît chacune des familles de El Cobre, les prénoms de tous les enfants de l’hôpital et de l’orphelinat et les aime tous comme ses frères et soeurs (il le leur dit d’ailleurs). Il saura donner selon les besoins de chacun, s’assurera que rien ne soit revendu et tout ça sans que le «riche» étranger soit associé à ces dons. Car nous ne voulions pas non plus modifier les relations et contacts avec les habitants, encore basés sur la simple rencontre de l’autre, l’amour et le partage.

P1010079Je ne sais pas encore si je pourrai un jour vous faire partager ces précieux instants avec Julio, riches d’une grande humanité, ni comment je vais pouvoir retranscrire tout ce que ces nombreuses rencontres nous ont permis de comprendre sur Cuba.

Je ne peux pas prétendre connaître Cuba et les cubains après seulement quelques mois passés dans ce magnifique pays. Donc ce qui suit ne sont que des impressions, une analyse très personnelle faite de nos rencontres, de ce que je suis, de ma sensibilité et de ma modeste connaissance du monde qui d’ailleurs, plus je découvre Cuba, plus je voyage, plus elle me semble réduire telle une peau de chagrin. Sans doute ma vision sera loin d’être complète car je n’ai pas pu voir toutes les facettes de ce monde complexe qu’est Cuba.

Comparé aux autres îles de la Caraïbe, à Cuba nous sommes loin des éternelles discussions sur l’esclavagisme et la mixité ethnique. Les cicatrices de la colonisation semblent bien lointaines, sans doute dû aux luttes violentes et sanglantes menées par UN peuple pour son indépendance à la fin du XIX (avec ses célèbres figures comme Antonio Maceo ou Jose Marti).

A Cuba, contrairement aux autres îles de la Caraïbe, la population bénéficie de services à la population parfois totalement gratuits (médecine, éducation), voire très peu chers: transports (certes en piteux états), électricité, loyers, spectacles (très riches et avec tous les derniers films internationaux à l’affiche, même américains! Lorsque nous étions à la Havane « Magic Mike » était à l’affiche). Un système de santé d’ailleurs très réputé (et respectueux du puissant pouvoir des plantes), a tel point qu’a Saint Martin et en Guadeloupe des médecins et dentistes nous ont même conseillés de nous faire soigner à Cuba! En rajoutant que très nombreux sont les médecins de l’arc antillais et d’Amérique du sud qui ont été formés par les médecins cubains.

Ce qui nous a également marqué c’est le niveau d’éducation des gens, un éveil culturel riche (malgré la dictature) qui nous a permis de réels échanges intellectuels, de riches discussions avec les cubains que nous avons rencontrés (jeunes, vieux, chauffeurs de bicitaxi, paysans, pécheurs, professeurs, ingénieurs etc.). L’éducation fut une des priorités de cette dictature et de la révolution, facilitant ainsi l’émergence d’un peuple éduqué qui permettra peut-être aux cubains de faire des choix d’avenir plus judicieux que les nôtres? (laissez moi rêver un peu!). Les cubains que nous avons rencontrés sont persuadés que le successeur de Raul Castro devra cette fois être élus démocratiquement par le peuple et qu’il sera de Cuba même. Car si les jeunes adorent le baseball, mange des «hamburguesas» et boivent du «cola», ils ne rêvent pas pour autant d’Amérique. Le peuple cubain sait bien que l’embargo américain n’est pas à l’origine de tous leurs malheurs et de certaines absurdités du système actuel, mais il sait aussi que les Etats-Unis ne seront pas non plus leurs sauveurs (comme ils ont prétendu l’être en 1898 selon le «Platt Amendment» en se réservant le droit d’intervenir à volonté à Cuba pour «préserver l’indépendance de l’île»).
D’après les gens avec lesquels nous avons parlés, Julio, les peintres, les chauffeurs de taxi (anciens ingénieurs, directeurs d’hôpitaux, électroniciens), des professeurs etc. Les Cubains sauront construire leur avenir seuls, comme des grands. Mais je ne peux m’empêcher de me demander si le lobby cubain des radicaux d’extrême droite de Floride, un des plus puissant des Etats Unis, saura éteindre sa colère contre « les Castro », contre la révolution, pour laisser les cubains libres de continuer d’écrire leur histoire.

Je parle souvent de la dictature et de la révolution, ne pouvant les dissocier. En effet, à mon sens, ce qui fragilise aujourd’hui la dictature castriste, c’est justement l’effritement de ce sentiment révolutionnaire d’un peuple soudé et uni. Car le plus grand changement qui s’opère jour après jour à Cuba depuis l’apparition de la monnaie des «touristes», le CUC, c’est le morcèlement du peuple cubain. Car même si le CUC est taxé afin de redistribuer la richesse au peuple, il y a bien deux Cuba aujourd’hui, celui des Pesos Nacional et celui du CUC. Et ces nouveaux consommateurs cubains qui commencent à s’enrichir (entre autre) grâce aux travers du système de double monnaie font naître une forme d’esprit de consommation, au sein d’un pays encore «socialista» (communiste). Le peuple cubain semble se diviser aussi car la faim (dans les années 90), le manque de liberté individuelle, de confort matériel, d’argent pour ceux qui n’accèdent pas aux CUC, font naître des souffrances du corps, de l’âme qui lentement éteignent les flammes du coeur. A l’amour du peuple, de son prochain, de la solidarité succède un individualisme, un désir de consommation et une insécurité naissants, nouvelles façons pour les cubains de perdre leurs libertés aussi.

Aujourd’hui, le peuple cubain commence à exprimer tout haut le raz le bol qui se chuchotait dans les chambrées (sur Santiago et Cienfuegos du moins). La jeunesse, qui n’a pas connu la révolution, aspire à d’autres horizons. Un changement est déjà en route. Il semble que les cubains soient convaincus que l’avenir n’est pas dans le «socialismo» sauf que, en voyant la crise économique que subissent nos pays capitalistes (en Europe, aux Etats Unis…), les dégâts écologiques que la consommation à outrance engendre, les cubains se disent que le capitalisme n’est pas non plus la solution. Alors ils cherchent une nouvelle voie qui lui donnera une plus grande liberté politique tout en préservant les apports sociaux de la révolution. Ils espèrent trouver des choix de développement différents, observent les initiatives du Brésil, et pour la plupart, pensent que l’avenir devra être pensé autour de l’écologie et du respect de la planète. Mais ces idées résisteront-elles aux plaisirs addictifs de la consommation à outrance de chinoiseries en tous genre sous des emballages aux parfums de bien être, de sécurité, de développement, de bonheur et d’amour?

Etant donné la propagande massive, tant pour que contre, qu’à généré la révolution cubaine, il serait impossible de venir dans cette île sans quelques idées préconçues. Je défie quiconque, arrivant dans un esprit ouvert, de garder ses idées intactes. Etre à Cuba est en soi une expérience riche et instructive. Et contrairement à la croyance populaire, il est facile de voyager partout à Cuba en utilisant les transports locaux (plus long mais plus authentique) ou les cars touristiques qui sillonnent toute l’île.

En bref, naviguer à Cuba, fut bien autre chose qu’une croisière dans la plus grande île des Caraïbes. Loin des sentiers battus, cette escale nous a permis de découvrir la nature dans sa virginité, de vivre l’abondance de la mer, de voir de nos propres yeux une des grandes expériences sociales de ce siècle et surtout de rencontrer les cubains. Car les cubains sont extraordinaires, spontanés, ingénieux, courageux, curieux, amicaux et généreux!  Il faut aller à Cuba, rien que pour les rencontrer!

P1010202 (2)     P1010273 (2)      famille de Julio
Stéphanie

Pour voir plus de photos: http://flickr.com/gp/3metz/7hp3S8/
(désolée pour les accents manquants, je ne maitrise pas encore toutes les astuces de mon clavier)