Nous sommes heureux d’être revenus à Cuba cette année, les rencontres et les découvertes que nous avons faites cette fois-ci nous ont permis de connaître un peu mieux le pays, les cubains et leur histoire.
Arrivés en Mai à Santiago de Cuba, ce qui nous a surpris en premier fut la liberté avec laquelle les gens nous parlaient de leur pays, leurs difficultés ou leurs rêves. Alors que l’an passé certaines langues se déliaient seulement à l’écart des oreilles indiscrètes, sur un banc devant la mer, mais avec un coup d’oeil derrière l’épaule pour vérifier que personne n’écoute; cette année le coup d’oeil n’y était plus et les opinions politiques ou économiques étaient dévoilées plus facilement.
Nous avons attribué ce «relâchement» au passage du cyclone Sandy en Octobre 2012, dont les effets ont étés dévastateurs sur Santiago. Les habitants ont beaucoup perdu puis reproché au reste du pays de ne pas les avoir assez aidé à reconstruire. Du coup l’ambiance de la ville a changée. Plus d’insécurité, une centaine d’agressions ont été relevées ces 8 derniers mois sur la région de Santiago. Pour un pays qui ne connait pas l’insécurité, même le soir dans les rues animées (ou non) des villes, ça fait un choc. Les touristes sont aussi pris d’assaut dans le centre ville par toutes sorte de gens (guides improvisés, vendeurs de journaux, mendiants, musiciens) car beaucoup donnent facilement. La tranquillité de la marina n’est plus, même si ça ne craint toujours pas du tout pour les plaisanciers. Mais on peut vous proposer parfois de l’herbe, de la coco, du carburant de contrebande ou même des diamants! Cuba ne nous avait pas habitué à ça l’année dernière. On pourrait presque oublier parfois que Cuba est encore sous une dictature. Pourtant nous avons encore eu des témoignages d’arrestations faciles et des expulsions du pays (pour les touristes) rien que pour avoir été vue en compagnie de «dissidents» politiques. La dénonciation est encore beaucoup utilisée, la loi est dure et les oreilles trainent partout. Alors gare aux plaisanciers qui seraient tentés par quelques diamants…. 😉
Le lendemain de notre arrivée, notre ami Julio, représentant de la Casa del Caribe, nous attendait pour nous emmener dans son village de El Cobre, à 20km de Santiago, pour rencontrer les artistes peintres qui avaient réalisé des œuvres spécialement pour notre asso et notre action «Bateau Artistick». La rencontre avec les peintres fut très émouvante et touchante d’humanité et de spiritualité
(Julio est le monsieur à la casquette rouge sur la photo de sa famille)
Dans cet adorable village, célèbre pour sa Basilique et la Virgen de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba, nous avons aussi eu l’occasion de faire quelques projections de films que les petits comme les grands ont beaucoup appréciées. Une semaine plus tard il a fallu repartir pour Cienfuegos et les au revoir avec El Cobre, la famille et les amis de Julio furent aussi difficiles qu’émouvants.
Sur la route vers l’Ouest nous nous sommes arrêtés dire bonjour à la famille de Yaniel (que nous avions rencontrés l’année dernière) à Marea del Portillo, puis nous avons fait un stop dans les Jardin de la Reine histoire de nous gaver de langoustes.
Au contraire de Santiago, Cienfuegos n’a pas beaucoup changé depuis l’année dernière. Toujours une belle petite ville très tranquille, genre station balnéaire des années 50.
On se croirait parfois plongé dans un film de Tati. Un étrange mélange entre Jour de Fête et Trafic. Puis nous avons laissé Planet Ocean pour une semaine afin de «monter à la capitale», visiter la Havane et Viñales (province de l’Ouest, du tabac, des fruits et du vin).
La Havane a su nous surprendre par son étonnante tranquillité pour une si grande ville. Les «casa particular» du centre ville sont très accueillantes et chaleureuses. Dans la nôtre (chez David et Lydia) dans le quartier de Centro Habana, on a pu y rencontré toute la famille sur plusieurs générations. Les enfants ont adoré les crocodiles et les tortues («jigoteas») dans le patio!
Pris en sandwich entre la vieille ville («Habana Vieja», le coin touristique), le «barrio Chino» (quartier chinois) et le Vedado (quartier résidentiel de la classe moyenne), ce quartier du Centro Habana est aujourd’hui surpeuplé et les familles s’entassent dans les immeubles délabrés. Mais l’ambiance y reste extrêmement chaleureuse, solidaire et accueillante. Et puis, il y a des gens comme la famille de David qui ont retroussé leurs manches pour restaurer plusieurs immeubles qu’ils transforment alors en superbes pensions familiales. Voilà un effet positif du tourisme!
Quand au vieux centre ville, sorte de vitrine touristique qui sous l’impulsion de l’Unesco depuis le début des années 90 bénéficie elle d’un vaste projet de restauration (loin de se conclure), on a l’impression de faire un bond en arrière de plusieurs décennies et de se retrouver à l’époque coloniale espagnole avec des façades splendides aux balcons élancés. Bien sûr, les vielles voitures américaines y jouent leurs rôles, ainsi que les calèches et les bicitaxis.
Après avoir crapahuté dans les rues (tranquilles) de la Havane, nous sommes descendus dans la splendide vallée de Viñales.
On y a fait une belle balade à cheval à travers un paysage grandiose et paisible. Juchés sur nos petits chevaux qui semblent avancer en pilotage automatique, nous nous promenons entre ces impressionnantes parois rocheuses en forme de pain de sucre: les mogotes, dans les plantations d’orangers et de tabac.
Lors d’un stop dans une de ces plantations, on nous a montré l’art de fabriquer LE cigare cubain. La culture et la récolte de ce célèbre tabac sont assez proches de celles du vin: importance du terroir, l’orientation et la qualité de la terre, le moment opportun de la récolte (par étage), puis le séchage et les fermentations très contrôlées. Enfin la fabrication du cigare est un assemblage de plusieurs feuilles dont les qualités répondent aux fonctions: les feuilles qui brulent bien, celles qui donnent le goût fort, celles qui adoucissent, celles qui tiennent le cigare…
puis la dernière qui maintient le tout et donnent la forme et la couleur. Sans oublier les quelques gouttes de miel. Je ne suis pas devenu un amateur pour autant, au bout de la moitié je suis écoeuré… Mais je sais reconnaître les mauvais cigares maintenant!
Quant au village de Viñales, ses ruelles sont colorées grâce à ses alignements de jolies maisons basses peintes de couleurs vives. Un peu trop touristique à notre goût la journée mais lorsque les cars de touristes repartent le soir, la ville retrouve sa tranquillité et surtout son authenticité.
Puis vient le temps du retour vers Cienfuegos, non sans s’arrêter en route à Las Terrazas dans la Sierra del Rosario pour se baigner dans le rio San Juan. Là au coeur d’un très beau paysage à la végétation luxuriante le long de la rivière on découvre de belles piscines naturelles creusées par les rapides et dans lesquelles nous avons pu nous rafraîchir avec délice. Comme c’était le week-end, en fin de matinée plusieurs familles cubaines arrivèrent pour pique-niquer, ambiance garantie!
Enfin de retour sur l’eau, au grand bonheur de Camille qui se languissait de son bateau, nous repartons vers les Jardins de la Reine manger «une» dernière langouste en compagnie des pêcheurs. L’un d’eux fêtait son anniversaire le même jour que Stéphanie, nous en avons profiter pour fêter ça ensemble!
C’est un plaisir de pouvoir discuter avec les cubains, pour peu de parler un peu espagnol, j’ai du m’y mettre… mais quand ça se complique c’est Steph qui cause plus loin les sujets riches et très variés. A Cuba, les conversations et les échanges avec les chauffeurs de taxi, de bicitaxi, les rencontres au hasard des coins de rues, les vieux, les jeunes, les marchands de légumes sont un vrai régal. Tous ont un excellent niveau d’éducation et de brillantes façons de penser le monde! Espérons que cela leur permettent de faire des choix d’avenir plus judicieux que les nôtres?
Pour voir plus de photos: http://flickr.com/gp/3metz/7hp3S8/
Buenas dias, amigos !
C’est toujours avec grand plaisir que je suis de loin vos aventures, et votre quotidien. Cela me donne toujours envie de venir vous rejoindre ici ou là. C’est d’ailleurs prévu en fin d’année si c’est possible. Pour ma part, après une météo désastreuse jusqu’à la fin du printemps, j’ai enfin pu démarrer la construction de mon garage. J’ai hâte qu’il soit terminé, Rendez vous à la fin de l’année quelque part dans les San blas.
Bizzzzzz
Le Pianiste
Hello ! ça fait bien plaisir d’avoir de vos nouvelles depuis notre Suisse besogneuse ! On se réjouit de retrouver Cuba l’hiver prochain et en attendant on vous souhaite un excellent été (sur la route de Panama ?) Bises. Nicole et Pierre