De Malaga aux Canaries

De Malaga aux Canaries

Partant de Malaga avec une équipière de plus, les navigations allaient être plus faciles, encore ne fallait-il pas partir trop vite, car quelques heures après avoir largué les amarres, Anne rendait déjà son repas de midi. C’est donc avec de courtes étapes et des mouillages sûrs que nous nous sommes rapprochés de Gibraltar pour passer ce fameux détroit dans les meilleurs conditions.

Nous avons d’abord fait un petit tour dans la baie de l’enclave de Gibraltar (pays britannique de quelques km de long au pied d’un gros caillou attaché à l’Espagne), salué quelques cargos de très près et nous avons poussé jusqu’à Tarifa.

Nous voilà alors à la pointe Sud de l’Europe, prêts à quitter la méditerranée pour retrouver l’Océan Atlantique que nous connaissons un peu mieux. La chaleur et les odeurs d’épices nous rappellent que l’Afrique est proche.
Le port de Tarifa est surtout un port de pêche et rien n’est prévu pour les plaisanciers, ce qui était à notre avantage car personne n’est venu nous réclamer quoi que ce soit pour notre séjour à quai. La ville et ses habitants sont très chaleureux et accueillants.            On a très vite compris pourquoi nos copains kite-surfeurs ont placé ce spot si haut dans leur estime : du vent, des vagues si on veut (coté Méditerranée ou Atlantique), des restos et bars sympas, un centre ville typique et très accueillant…
Les enfants se sont baignés,

 

Anne aussi. Steph et moi préférons attendre des eaux plus chaudes…

Nous faisons le plein de clémentines et Turon et quittons ce petit port tranquille après 3 jours de repos, direction les Canaries.

Mais la mer et le vent en décident autrement : la première nuit fut calme et les quarts de nuit juste rythmés par le passage des cargos et bateaux de pêche. La 2ème nuit le vent monte et la houle aussi. L’équipage dort mal et le moral descend, nous décidons alors de faire escale à mi-route à Essaouira sur la côte marocaine.

           
N’ayant pas de carte très précise du port et ne sachant pas s’ils pouvaient nous accueillir (pas de réponse à la VHF), nous suivons une barque de pêcheurs qui nous guident dans les passes avant d’entrer dans le port de pêche.
Personne ne semble prêter attention à notre embarcation et je me demande où nous allons bien pouvoir accoster car le port est plein de chalutiers et de barques de pêcheurs.
Pas un voilier. Ca sent très fort le poisson! Enfin un marin nous fait signe de nous mettre à couple de la vedette de sauvetage. J’ai un peu peur pour notre bateau en plastique à coté de ce monstre de 40t de métal et 3000cv, mais on fini par trouver notre place et je pars faire les formalités d’entrée, avec la bouteille pour le chef de la police, celle pour le capitaine de la vedette de sauvetage et tout le monde est content.
Le capitaine de la vedette me rassure : ils n’interviennent que rarement pour porter un moteur de secours aux pêcheurs, les chalutiers se portant secours entre eux. Nous pouvons donc débarquer sans crainte de les gêner en cas de sortie.
Le lendemain, alors qu’une goélette vient de se mettre à couple de nous sur l’autre bord, un bateau fait un appel de détresse au large et je doit déplacer Planetocean pour laisser partir la vedette de sauvetage.

Celle-ci va nous faire manoeuvrer toute l’après midi dans le port, avec quelques frayeurs, pour finalement rester à quai… (un coup ils font le plein de gasoil, un coup ils essaient les moteurs, l’autre ils se remettent dans le bon sens pour sortir, et à chaque fois nous devons larguer les amarres car il n’y a pas d’autre place pour nous dans le port). J’ai un peu regretté d’avoir donné cette bouteille de vin au capitaine de la vedette…

         

Le soir pour ce remettre de tout ce tohu-bohu, Noé va se faire un thé à la menthe et un hammam avec Steph, y’en a qui ont la vie dure…

Quand nous larguons les amarres, c’est pour viser Graciosa, petite île au Nord de Lanzarote aux Canaries, qui offre un mouillage qui nous a été fortement conseillé. Nous arrivons de nuit et trouvons 4 autres bateaux à l’ancre. Mais quelques heures après avoir trouvé notre place, le vent tourne et monte en rafale. Notre ancre dérape et une partie du mouillage lâche. Ce sont des bruits de frottement sous la coque qui nous réveillent en catastrophe. Je saute dans mon pantalon et bondis sur les commandes des moteurs, nous avons dérapé et le récif n’est plus très loin.
Panique à bord… Je donne quelques instructions à Stéphanie et Anne et éloigne le bateau du rivage. Après inspection, le bateau ne semble pas prendre l’eau, mais le mouillage a souffert, nous ne pouvons plus rester à l’ancre et surtout pas à cet endroit. Nous tentons alors de rejoindre le port le plus proche, mais le vent et le courant se lient contre nous, nous faisons demi-tour pour longer la côte ouest de Lanzarote, abritée du vent, mais dépourvue de baie pour poser l’ancre ou de port pour nous accueillir…Nous voilà partis pour une nav de nuit imposée le long de la côte Ouest de Lanzarote à la recherche d’un port que nous trouverons que dans l’après-midi suivante.

  

Après une nuit éprouvante, nous arrivons au Sud de l’île et trouvons enfin un port protecteur et rassurant.

Une levée du bateau nous permet de voir que le bateau n’a aucun dégât et nous en profitons pour nettoyer un peu les coques.

 

Nous pouvons maintenant profiter pleinement de Lanzarote et visiter cette très belle île, un coup à vélo, le lendemain en Voiture jusqu’aux volcans.
 

Olivier.

Cartagene

Cartagène, ville d’histoire

J’avais envie de vous écrire un mot sur cette ville qui m’a beaucoup ému. Le hasard, les vents, la mer et surtout l’humeur du capitaine ont provoqué cette escale non prévue.
Après le port de Barcelone, très moderne avec ses cartes magnétiques pour accéder au ponton, l’atmosphère de mégapole sous la pluie, l’affluence des bateaux… le “petit” port de Cartagène nous a semblé de taille plus humaine.
Bien sûr il y a à l’entrée un port industriel avec des mines de phosphate et de gros cargos, mais une fois entrés dans le port de plaisance, tout change. Nous nous sommes amarrés au quai donnant directement sur la ville et la promenade du soir. Nous n’étions plus des touristes, mais devenions l’attraction des curieux. Juste en face, le centre ville, les restaurants et les vestiges d’une ville qui témoigne encore de l’histoire de la Méditerranée.

Jusqu’alors pour moi, Cartagène était associée au passage des romains, je l’imaginais comme une colonie lointaine qu’Astérix aurait pu visiter lors d’une de ses aventures! Attention à ne pas confondre avec la tristement célèbre Cartagena en Colombie.


J’ai pu découvrir, gràce à cette étape, une ville qui fut le témoin et l’acteur de l’histoire méditerranéenne à part entière, comme ont pu l’être Rome, Constantinople ou Syracuse.
J’ai toujours été assez nul en histoire, mais je suis presque certain que cette ville n’a jamais été mentionnée dans mes cours d’histoire. Enfin cette étape a été instructive et émouvanteNous avons pu visiter les vestiges des murailles ioniques construites par les cartagenois 3 siècles AV JC, détruites par les romains et renforcées par les mêmes. Là nous avons vu le génie employé pour conduire l’eau à l’intérieur des murs et admiré la finesse des pièces de poterie.
Puis la visite d’un théatre à moitié reconstitué nous a permis de suivre l’évolution de la ville : construction du theatre, transformation par les romains en marché, amoncellement de paillotes et finalement construction de maisons sur les ruines. Ce n’est que récemment que des fouilles ont permis de le remettre à jour.
La visite du château permet d’avoir une vue panoramique : la mer devant, avec cette grande baie protégée qui a servi à chaque époque de refuge aux navires, et cette grande plaine de l’autre coté, surplombée de quelques pics rocailleux et fortifiés. On imagine alors l’effet que pouvaient ressentir les assaillants en arrivant (qu’ils soient romains, phoeniciens ou berbères).

C’est de Cartagène que parti Hanibal (pas le cannibal, mais celui qui a traversé les Alpes avec ses éléphants pour envahir Rome), alors que Scipion arrivait d’Italie et prit la ville démunie de défenses en combinant les attaques par la mer et la terre.

J’ai aussi été impressionné par le travail de transformation de l’environnement avec l’assèchement des marais qui entouraient une partie de la ville. Travail de plusieurs générations d’hommes et d’arbres, qui ont permis à la ville de s’étendre et d’avoir sa taille actuelle. Bien sûr d’autres l’ont déjà fait ailleurs, en France, ou plus encore aux Pays-Bas, mais cette vue depuis ce château permet réellement de se rendre compte de la surface gagnée et nous n’imaginons plus de nos jours un chantier d’aménagement du territoire dont la durée s’étalerait sur 150 ou 200 ans… qui parle de développement durable?…
Olivier

Lanzarote, 8 décembre

Bien arrivés aux Canaries, depuis quelques jours déjà. Nous avons fait une escale de 3 jours à Essaouira au Maroc afin d’éviter une grosse bourrasque et une mer devenant très forte. Puis nous sommes arrivés au Nord de l’archipel des Canaries et souhaitions mouiller dans une petite baie prometteuse de l’île de Graciosa. Mais le vent en a décidé autrement et après une belle frayeur qui nous fit sauter de notre lit au beau milieu de la nuit, nous voilà amarrés au ponton d’une belle marina très accueillante à Playa Blanca sur Lanzarote. très bientôt nous vous donnerons des news plus détaillées sur ces dernières semaines en mer. De belles émotions au programme!