Brava, Cap-vert 20 janvier

Vendredi 20 janvier,

Nous n’avions pas imaginé rester si longtemps au Cap Vert, mais les conditions et les rencontres ont prolongé notre séjour. D’abord la météo n’était pas au top : des vents assez forts et surtout une mer formée et une houle croisée, puis les rencontres sur Brava, la dernière ile à l’ouest de l’archipel .

A porto da Furna nous avons eu la chance de rencontrer Albert. Un jeune homme qui parlait 4 langues différentes sans être allé à l’école, rien qu’au contact des voyageurs. Il vivait seul depuis que sa famille (parents, frère et cousins) était partie à Boston. Il nous a guidé avec passion et nous a fait decouvrir son village très accueillant. Nous avons pu faire une projection cinema aux enfants du village qui en demandaient encore et encore! Puis nous avons du partir a porto Da faja pour faire le plein déau douce ou nous avons retrouvé l’équipage de Momo (19janvier), petit voilier de 8m sur lequel voyagent 5 jeunes norvégiens acrobates .
Nous trouvons sur Brava une atmosphère différente des autres iles, les habitants sont plus ouverts à discuter, plus souriants et chaleureux. Les paysages sont magnifiques et les promenades très agréables.
Je lisais dans notre Atlas des Iles Abandonnées une note sur le Cap Vert que nous ressentons fortement d’ici:  » Il regne un sentiment éclaté. Un pays qui ne se connait pas d’ancetres. Tous ceux qui vivent ici sont des descendants de laisses-pour-compte et d’esclaves, d’emigres volontaires ou involontaires. Ils sont autant dispersés que leurs îles sont éclatées ». Les 2/3 habitent hors du pays, aux USA ou en Europe et ceux qui restent vivent principalement de ce que leurs familles leur envoie ou de ce que la mer ou la terre veut bien leur offrir.
Le « retard » dans notre planning devrait nous permettre de naviguer plus confortablement et donc plus sereinement, mais nous devons donc refaire un avitaillement de frais car nous avons dû manger les tomates mures et les maracujas qui pressaient. Il faut aussi refaire un complément d’eau car nous n’avons pas de déssalinisateur et nous emportons de l’eau pour 3 semaines de vaisselles (surtout rinçage, on lave à l’eau de mer), douches (idem) et cuisson. Cela tombe bien, car l’eau d’ici provient d’une source naturelle et elle est de très bonne qualité. Nous ne la boirons pas pour autant (sauf bouillie) et embarquons de l’eau minérale en bouteille.
A tres bientot, de láutre cote de l océan…

Cap vert

29 decembre.
Arrivee au Cap vert a Tarrafal de Sao Nicolao.
Je pensais être largement à l’abri du vent et de la houle derrière cette longue île et le mouillage promettait d’être des meilleurs après cette traversée agitée depuis les Canaries. Mais seule la houle diminua alors que le vent allait jusqu’à plus de 30 noeuds. Planet Ocean prend le vent de côté, puis au près pour fendre le clapot, écumant les flots à 10 noeuds. Nous arrivons un peu plus tôt que prévu, mais ça tombe bien car le mouillage est occupé par une dizaine de bateaux, et il faut trouver un bon ancrage pour tenir le vent qui descend des ravins en rafale. Je choisis de m’éloigner un peu du groupe à proximité de la jetée, ça rallonge le trajet en annexe, mais le vent y est moins fort. En fait le vent finit même par tourner pendant la nuit, plusieurs fois, sur 360 degrés… au petit matin la chaîne s’était enroulée autour d’un bloc de roche, j’ai dû plonger pour arranger ça!
Nous retrouvons à terre Francis et Romi, couple d’amis de Bordeaux installés depuis quelques années au Cap Vert, qui nous guident dans de ce nouveau pays. Le marché du port nous fournit eau et produits frais de base (très basique patates, carottes, oignons et papaye), on trouve le rhum (appellé « Grog » localement) et le pain à la supérette. L’Afrique créole nous sourit et nous prenons enfin conscience de notre latitude.

Un matin, Francis est passé nous voir avec son bateau très tôt le matin, Noé et moi sommes partis pêcher avec lui. La traîne n’ayant rien donné, nous avons trouvé par le fond des cabiloutes, de quoi nourrir l’équipage. Francis était un peu déçu qu’on ne rapporte ni thon ni dorade, mais Noé était ravi de sa matinée en mer sur un bateau de pêche.
le 3 janvier, tout l’equipage de PlanetOcean est monté au sommet du Monte Gordo, 1304m dont seulement 500m en minibus. Les enfants nous ont épatés et ont grimpé courageusement. Noe voulait tellement aller mettre sa tete dans les nuages. Puis nous sommes descendus rapidement à cause de la fraîcheur au sommet, dans les nuages la condensation était telle qu’on se croyait dans un freezer.
Nos journées pendant cette semaine furent rythmées par les activités des enfants le matin, le marché d’où nous rapportions aussi l’eau en jerrican pour remplir les cuves au fur et à mesure, les ballades, un peu de bricolage sur le bateau bien sûr histoire de ne pas perdre la main…

Un soir, j’avais pensé pouvoir laisser l’annexe à l’eau pour la nuit, mais le vent s’est levé. A 5h du mat je me réveille avec un drôle de pressentiment et sors sur le pont. L’annexe s’était retournée, le moteur bien accroché mais plein d’eau de mer, les quelques tongues, les rames et le bidon de secours ont dû partir au large… Bonne leçon pour moi, j’ai dû demonter le moteur chez Francis et on lui a fait un grand nettoyage, maintenant il fonctionne encore mieux!

Après une semaine d’escale avec nos amis, nous devons partir chercher Vincent à Praia sur l’ile de Santiago. 130 miles à parcourir, nous levons l’ancre dans la matinée du 5 janvier pour arriver au petit jour du 6 dans la baie de Praia.
Praia, capitale du Cap Vert et escale technique s’il peut en être… Arrivée au mouillage dans la baie très protégée de Porto Praia, nous trouvons 5m d’eau trouble devant un mini ponton et une décharge publique aux effluves nauséabondes… Je fais les papiers : immigrations et tampons d’entrée des passeports, capitainerie pour déclarer notre entrée (pas indispensable sur Sao Nicolao) puis avec Odile, les courses de frais au marché et supérette (même un leader price!). L’ambiance est plus industrielle que sur Sao Nicolao et les locaux plus nerveux, voir agressifs. J’ai quelques discutions  «houleuses » avec Georges, le jeune qui « garde » les annexes quand on débarque : il demande toujours plus de sous pour sa bienveillance et sent de plus en plus l’alcool… Un jeune marin d’un autre bateau s’est fait agressé à coup de pierre la nuit du 31. Vincent nous arrive dans la nuit et embarque sans souci, au matin suivant nous quittons ce mouillage pas très accueillant et mettons le cap au Nord et touchons Tarrafal de Santiago en fin d’après midi, où mouillent 3 vieux ketchs et quelques bateaux de pêcheurs . La petite baie est accueillante et le vent y reste raisonnable, le mouillage correct, le site se prête à la relâche… Odile repartira le lendemain, après avoir abusé du soleil pour faire croire qu’on n’avait eu que du soleil! Son soutien sur le bateau nous a été d’un grand secours, dans les manoeuvres, les activités des enfants et la vie à bord. Merci Odile! Nous faisons d’agréables rencontres, notamment une autre famille dans un ketch qui voyage avec 2 filles dont l’une a 3ans ½. Camille et Noé rivalisent et tentent de ravir la belle, mais Lili ne s’en laisse pas compter et va de mains en mains avec plaisir! Nous prenons enfin le temps de nous relâcher un peu, plage avec les enfants, visite du centre ville,, marché, internet (quand ça marche…), sans oublier la préparation de la prochaine étape, la traversée de l’Atlantique. Nous avons prévu de redescendre à Praia dimanche 15 janvier, pour faire nos papiers de sortie lundi et finir le marché de frais avant de reprendre le large. L’atmosphère à bord est sereine, les vents seront portants, le principal désagrément pouvant venir de la houle et rendre la transat plus désagréable.

Olivier

PS: Nous vous mettrons des photos des que internet fonctionnera

Canaries- Cap-Vert, Décembre 2011

24 décembre nous quittons La Gomera aux Canaries à l’heure de la sieste par un temps plutôt clément…
Mais bientôt la houle se forme, le vent se lève et nous propulse telle une fusée vers le Cap-Vert que nous atteindrons en à peine 5 jours (au lieux des 7-8 jours prévus).
Nous avons fêté notre réveillon de Noël en plein océan au large du Sahara, à 150 miles des Canaries, par un vent de 25 noeuds, des creux de seulement 2 mètres mais une houle très hachée… pas toujours facile de garder sa part de bûche au chocolat dans son assiette, ou de garder son assiette tout court…


Heureusement le Père Noël à tout de même réussi à nous trouver pendant le quart de nuit d’Olivier et le moral de l’équipage est au beau fixe après tous ces beaux cadeaux.

25 décembre. Pendant mon quart de nuit je repense à notre dernière escale, Les Canaries.
Loin d’être un paradis de la plaisance, de très rares mouillages forains, peu de marinas et des navigations musclées, j’ai tout de même été surprise par la diversité de cet archipel bien que peut-être un peu déçue par son manque d’exotisme.
Lanzarote avec ses paysages volcaniques étonnants, m’a époustouflée par sa manifestation de forces de la nature. La terre vie, règne et l’homme y survit docilement.

 

 

 

 

Au contraire de Ténériffe, où l’homme occupe le terrain par des champs de culture sous serre (quand c’est possible) et des champs d’immeubles sur presque toute la côte. C’est étrange d’arriver après de si longs jours de navigation si loin de l’Europe, si près de l’Afrique et pourtant d’avoir l’impression de débarquer en Espagne à nouveau. A tel point qu’à Ténerife je me suis parfois demandée si nous avions fait le voyage dans le bon sens.
Mais le beau temps, le ciel bleu, une douce chaleur de fin d’été en plein mois de décembre me rappellent vite que l’Afrique n’est vraiment pas loin.

   

Ténerife nous a également offert une rencontre inoubliable avec un banc de baleines globicéphales, par une mer d’huile sans vent, le bateau à l’arrêt.

Au grand bonheur des enfants, nous avons pu les voir de très très près, entendre leurs souffles, les cris des petits appelant leur mère et autre phénomène étrange qui comme l’ont fait si bien remarqué Noé et Camille, ressemblait à de fortes flatulences. Ces beaux pets marins n’ont pas manqué de faire beaucoup rire nos moussaillons.
Anne nous à quitté aux Canaries, heureuse de son séjour parmi nous elle nous à laissé au mouillage des Cristianos, nos coeurs gros nous lui disons à bientôt. Je ne me fais pas à ces ‘au revoir’.

Deux jours plus tard, c’est Odile (une amie à Anne) qui vient nous rejoindre pour partager notre aventure jusqu’au Cap-Vert. Les enfants sont contents de voir une tête nouvelle et adopte Odile en quelques minutes. Bientôt elle sera baptisée Didi par Camille.
Nous partons alors à La Gomera, notre dernière escale avant la traversée vers le Cap-vert. L’île est plus sauvage, moins construite, préservée du sur-développement touristique, elle nous séduit et nous enchante vite. Alors nous y restons un peu plus longtemps que prévu, nous imprégnant de la vraie nature des Canaries, sauvage, rude et douce à la fois.

La houle et le vent qui forcissent me tire de ma rêverie nocturne. Le bateau devient nerveux, les vagues déferlent, on fait du 10 noeuds avec des pointes à 11 noeuds et de beaux surfs à 13 noeuds.. A l’intérieur, les vagues tapent et font trembler tout le bateau. Ca siffle, ça grince, ça cogne! Je descends dans les cabines jeter un oeil aux enfants qui dorment paisiblement. L’état de la mer, le vent régulier et l’absence totale de bateaux rendent les quarts de nuits plus faciles. 1h du matin, Olivier vient me relever de mon quart. Je me couche et malgré la fatigue je mets du temps à m’endormir. J’ai pas l’habitude de dormir dans de telles conditions. C’est un peu comme si on vous demandait de dormir en plein tour de manège de fêtes foraines. Vous savez celui qui vous secoue dans tous les sens, fait un bruit tonitruant mais avec en plus la conscience qu’à tout moment ça peut casser. Ou presque…
26 décembre
Les enfants vivent plutôt bien les navigations. Le premier soir ils furent un peu barbouillés, comme nous tous mais ça n’a pas duré et maintenant ils jouent dans le carré qu’ils ont transformé en cabane, sans ce soucier de voir ou non la terre, ou la mer. Seul Camille n’aime pas les grosses vagues lorsqu’elles tapent sous la table et renverse son repas.
Il n’y a que moi qui semble dérouiller avec ce fichu mal de mer. Légèrement barbouillée mais avec des maux de tête violents à s’en arracher les yeux. Plus d’énergie, envie de rien sauf de dormir et dormir encore. Mais lorsque enfin je peux m’allonger je n’arrive pas à trouver le sommeil qui me permet d’échapper le temps d’un rêve à cette souffrance. J’aimerais aller mieux, pouvoir faire des activités avec les enfants sans immédiatement avoir le crâne qui explose. Heureusement il ne pleut plus comme au début du voyage, je peux donc sortir, prendre la barre, surveiller les voiles et le vent.
Le vent, de Nord-Est hier semble doucement vouloir passer à l’Est. Bientôt peut-être ce sera le vent du désert, de la Mauritanie? Plus chaud enfin?
Toujours aucun bateau en vue… nous sommes seuls sur l’eau.
Nuit du 26 décembre.
Le vent fort et régulier qui nous fait dévorer les miles à toute allure, le ciel couvert sans étoile et la fiabilité du pilote automatique rendraient les quarts de nuit presque ennuyeux… Mais grâce au baladeur qu’Odile nous a si gentiment offert, je peux écouter des romans lus ou des émissions de radios passionnantes. Mais je ne peux pas en abuser non plus, car ces enregistrements m’emportent parfois trop loin de notre bateau.
Les maux de têtes ne me quittent pas, il va falloir vivre avec … l’inconvénient de ce mal de mer c’est qu’il me donne parfois trop envie de dormir, alors mes quarts de nuits deviennent un bras de fer contre le sommeil. Mais jusqu’à maintenant je gagne toujours la partie.
28 décembre: Vive le Mercalm!
Je lui vaux de ne pas avoir sauté par dessus bord!
Hier fut pour moi une journée noire. Je ne peux même pas vous raconter ce que les autres membres de l’équipage ont fait, je ne m’en souviens pas. Je croyais que ma tête allait exploser de douleur, mes oreilles me faisaient mal et chaque vague tapant sur la coque me traversait, transperçait mon corps, mes os comme une onde de choc. Des idées noires insidieusement m’envahissaient. Après le repas de midi, je sors sur le pont, pour fixer l’horizon, surveiller le bateau et soudain c’est la crise. Je ne tiens plus sur ce bateau, je n’en peux plus de ce tour de manège infernal, je veux descendre, je veux que ça s’arrête. Heureusement j’ai le réflexe de m’éloigner du bord et d’aller me coucher dans ma cabine. Mais là, allongée sur mon lit je redoute la prochaine vague qui me fait trembler de douleur. Me voyant dans cet état semi conscient Olivier trouve une solution moins radicale que celle de me voir sauter par dessus bord et me fait avaler 2 cachetons de Mercalm que lui donne Odile. Rassurée de sa présence je m’endors, le cauchemar s’arrête enfin. Après 5h d’un profond sommeil réparateur, j’arrive à me relever, reprendre une vie à bord presque normalement. J’ai fini la traversée au Mercalm, ce qui m’a permis de moins souffrir, être plus sociable et tenir mes quarts de nuits plus sereinement, sans risquer de sauter en cours de route. 😉

     

    Matin du 29 décembre, nous arrivons au Cap-Vert. L’île de Sao Nicolau n’est qu’à 3 miles mais nous ne la voyons toujours pas tellement la brume est épaisse. Nous mouillons à Tarrafal malgré la houle et surtout le vent en rafale qui souffle dans la baie.

Evidemment les photos ont été faites 4 jours plus tard, dès que le temps s’est calmé.