Dominique la sauvage

Mars 2012
Quand je tentais d’imaginer la Caraïbe avant d’y aller, j’imaginais des forêts denses et vertes, infestées de moustiques, qui se déversent sur les plages de cocotiers. La Martinique, surtout dans le Nord, nous a offert un bon aperçu de cette luxure verte, mais c’est à la Dominique que nous nous sommes régalés devant une nature époustouflante.

Nous n’avons mouillé que dans le Nord de l’île (loin des circuits touristiques) car les bons mouillages sont très rares et nous voulions pouvoir laisser le bateau la journée pour explorer les terres.

Là nous avons retrouvé Rivière, un bateau-copain que Noé et Camille sont toujours ravis de revoir. La première excursion que nous partons faire ensemble fût la Rivière Indienne, Tom et Noé suivirent notre barque en kayak.

Nous avons alors découvert un décors digne d’un film (nombreux passages de « Pirates des Caraibes » ont été tournés à la Dominique), des arbres immenses (des mangles) plongeaient leurs racines dans la rivière en dessinant des reliefs étranges.
A notre approche, les crabes se cachaient et les oiseaux (des perroquets invisibles pourtant emblème du pays) se taisaient subitement.

Le lendemain nous sommes partis en forêt pour  la journée avec Sam qui nous a permis de reconnaître la faune et la flore locale et de nous faire découvrir avec amour les merveilles de son pays. Merci Sam pour ta générosité!
Au programme le « Waitukubuli national trail ».
Ses arbres: Mangle, Bwa Blan, Lawye Kaka, Chatannyé, Loliv (si si! photos à l’appui)

Autres plantes en tous genres: Fougères (certaines de 10m de haut), lianes,
Zel Mouche (Noé les a testées), Epiphytes.

 

 

Et autres animaux plus ou moins gros: lézards, fourmis et éléphant!!?

Puis Sam nous a menés le long de nombreuses rivières

pour  trouver la marmite idéale à la baignade dans l’eau claire et fraîche de « Chaudière Pools ».

Quel bonheur après ces journées sur la mer, de s’imprégner de l’odeur de la terre, de sentir cette force et cette énergie remonter de nos pieds et envahir notre corps. Ca nous a fait un grand bien à tous!

Nous avons profité de cet arrêt dans le jardin des Petites Antilles pour faire le plein de vitamines avec des pamplemousses délicieux, des petites bananes, papayes et mangues succulentes cueillies sur l’arbre!

   

Nous avons aussi eu l’occasion d’aller dans le territoire des indiens Caraïbes pour faire quelques projections de cinéma dans les écoles. Que d’émotions face à leur accueil si chaleureux et enthousiaste! Leurs rires nous habitent encore.

« Dominique la sauvage », ton feux d’artifice de beauté et d’amour nous manque déjà, ceci n’est qu’un au revoir

 

Olivier

Au revoir l’île aux fleurs…

Jeudi 15 mars.
Nous avons dû repousser notre départ d’une semaine, attendant que Camille soit totalement rétabli de sa grippe suivie d’une otite et d’une bronchite (ce qui lui vaut le bonnet sous les tropiques!). Mais cette semaine de rab nous a permis de passer un peu de temps avec nos amis de la Martinique et des bateaux-copains comme Zouéla et Rivière (Bateaux à bord desquels Noé et Camille trouvent des compagnons de jeux, d’où le nom de « bateau-copain»).
Aujourd’hui nous quittons La Martinique. Route au nord. C’est un peu comme si le voyage reprenait, comme si nous larguions à nouveau les amarres. Au revoir La Martinique.

Epidémie à bord!

 Martinique
Samedi 25 février
Nous sommes fins prêts pour accueillir ma famille à bord.
Je me réjouis autant que les enfants de les revoir et pouvoir enfin leur faire partager cette nouvelle vie. J’espère qu’ils apprécieront leur séjour et que nous pourrons leur en faire profiter pleinement.

Mercredi 29 février
Vincent est parti cet après-midi. Noé était tout ému ; trop ému pour venir lui dire au revoir sur le pont. Nous avons tous le cœur serré et cette boule qui serre la gorge. Vincent a partagé notre vie, notre quotidien, les hauts et les bas de cette folle aventure pendant deux mois. Nous en étions venus à oublier qu’un jour, il devrait repartir pour continuer SA folle aventure au Pérou. Au revoir Vincent et reviens vite nous voir !
Ce soir René se plaint d’un mal de gorge et un début de rhume. Hmmm … Il pense avoir pris froid dans l’avion. Ca ne l’a pas empêché de se baigner avec nous dans le lagon bleu turquoise de la petite anse Saline cet après-midi. Première fois que je vois René se baigner !!!!
Jeudi 1er mars.
René ne va vraiment pas fort. . Il tousse beaucoup. Il a beaucoup de fièvre et je le trouve très affaibli. J’ai du mal à croire à une simple rhinopharyngite. Je me fais du souci. Hmmm… Si demain il n’y a pas d’amélioration, je l’emmène chez le médecin.
Il pleut non-stop depuis cette nuit. Nous avons tout de même pu venir mouiller aux Anses d’Arlet, mais il pleut tellement qu’on ne voit même pas le rivage. C’est la désolation à bord. Les enfants le prennent plutôt bien et font de longues séances de constructions de Lego. Tout le monde s’y est mis…

Vendredi 2 mars, Les Anses d’Arlet.
Le temps semble s’améliorer. René a toujours un peu de fièvre et je le trouve très affaibli. Il ne veut pas aller voir un médecin et préfère se reposer. On en profite pour débarquer et lui laisser un peu de calme. Après un petit tour au marché, les enfants s’en donne à cœur joie à la plage et montre fièrement à leur tante et grand-mère leurs nets progrès en natation.
Vendredi soir.. Fanou se plein d’un mal de tête et de gorge. Elle a de la fièvre ! Je redoute l’épidémie de grippe !

Samedi 3 mars, L’anse Noire.
C’est l’hécatombe à bord de PlanetOcean !! Alors que René reprend du poil de la bête, Camille est à plus de 41° de fièvre depuis cette nuit, Noé ce matin se réveille avec un 39,5° et moi 39°. C’est bien la grippe!!!!!
Une de ces grippes qui va droit aux bronches et vous terrasse.
Nous qui ne l’avions jamais attrapé en Métropole !
GGGrrrrr ! Quel Dommage pour Fanou et René. Olivier et Catherine semblent passer au travers, grâce à leur petit verre de rhum quotidien disent-ils. A leur façon, ils trinquent aussi.

Mardi 6 mars.
Encore cette boule brûlante qui serre la gorge, j’ai du mal à respirer. Non ce n’est pas à cause de cette fichue grippe… C’est l’émotion. L’émotion des adieux. Mes parents viennent de repartir avec ma sœur… Je ne sais pas quand je pourrai les revoir. Nous avons choisi de partir pour cette vie nouvelle, mais nos proches, notre famille nous manquent souvent. On ne peut pas tout avoir et chaque choix comporte ses avantages et inconvénients. Ce n’est pas toujours facile d’aller au bout de ses rêves. Par ce blog, nous essayons de nous rapprocher de chacun de vous pour réduire, un peu, cet éloignement.

En cette belle soirée sous les tropiques, de chaudes larmes coulent sur mes joues. Des larmes d’amour, des larmes de vie.
Stéphanie

Carnaval Martinique, 21-22 Février

J’admire la patience, la ténacité, le positivisme et l’habileté de mon capitaine. Tantôt mécanicien, électricien, plombier, frigoriste, couturier ou stratifieur, il bichonne, soigne, répare PlanetOcean qui grâce à lui, connaît une seconde vie et se refait une seconde jeunesse. Je me sens un peu impuissante face à ces problèmes techniques qui ces derniers temps font le quotidien d’Olivier. Mais bon..
Aujourd’hui nous avons des tableaux moteur tous beaux, un circuit de charge électrique tout nickel, le foc est réparé. Il ne nous reste plus qu’à changer notre parc de batteries et Olivier n’aura plus qu’à souffler dans les voiles.
Ah non… Bing, au moment où on pensait être sortis des soucis, voilà que l’inverseur bâbord se coince une nouvelle fois. Retour dans les cales moteur pour Olive qui doit tout démonter, soulever le moteur, débloquer les mâchoires et remonter. Total, une demi journée en fond de cales par 38 degrés avec un doux parfum diesel !

 Pendant ce temps, à terre c’est la période du Carnaval, une autre expérience originale sur l’île aux fleurs. La semaine qui précède le jour des cendres est rythmée par les « vidés » quotidiens (entendre « défilés ») avec un thème différent chaque jour.

                        

Vidé « noir et rouge », vidé Pyjama à 5h du mat; vidé Noir et Blanc Fantômes le dernier jour qui est aussi le dernier vidé durant lequel on promène dans les rues le « vaval » (Mr. Carnaval) qui le soir même sera enterré.

Les défilés étaient à l’échelle du petit bourg du Marin. Un camion sono et un groupe de percussions avec quelques centaines de personnes (peut-être mille ?) déguisées formant le « vidé ».
    

Mais l’ambiance était au rendez-vous, chaleureuse, simple et bien sûr très festive. Les enfants ont beaucoup aimé bien que la sono fut trop forte au goût de Camille. Noé a un peu halluciné de voir des adultes déguisés de la sorte dansant, chantant dans les rues. Un peu timide au début, l’ambiance petit à petit a eu raison de lui et il a fini par rejoindre le vidé avec moi et danser au rythme des tambours.

Stephanie

Sainte Lucie, 16 au 20 Février

San Lucia, 5h de navigation houleuse (nous avions presque perdu l’habitude) nous amène dans le lagon de Rodney Bay. L’ambiance ici est très différente de la Martinique, plus anglo saxonne (ex colonie britannique oblige). Les gens sont très courtois, mais ça sent plus la politesse que le réel accueil chaleureux. J’en viens à préférer l’attitude certes nettement plus rustre des CapVerdiens par exemple, mais qui était plus vraie, moins codée, moins touristique.


Depuis Rodney Bay nous descendons la côte jusqu’à La Soufrière. Une caldeira entre les deux célèbres pitons de Sainte Lucie, emblème de leur drapeau.


Là on met l’ancre le cul à la plage et on s’attache aux cocotiers (le fond tombe à 40mètres d’un seul coup). Après de longues négociations avec les boatmen (qui viennent vous voir au bateau pour vous vendre des excursions ou des fruits légumes), puis les gars qui gardent votre annexe au ponton (d’ailleurs on sait jamais trop qui la garde vraiment) ou le chef des taxis, nous trouvons enfin un deal accessible à notre bourse (on est tout de même passé de 250 dollars EC à 40 !) et un chauffeur qui nous conduira à la Caldeira puis au Jardin Botanique.
Ca fait du bien de marcher dans la forêt, sentir la terre, se rouler dans la boue et voir du vert. J’ai la sensation de nourrir mes racines.

Depuis que nous vivons sur le bateau je comprends et ressens mieux la signification profonde de toutes ces expressions : « s’enraciner, avoir les pieds sur terre etc ». Ca fait du bien aussi de marcher à looonngues enjambées et ne plus piétiner sur le pont. Solliciter d’autres muscles dont je commençais à oublier l’existence.



La caldeira de la Soufrière est un site ultra-touristique, avec ses vendeurs de babioles « made in china », ses guides blasés au speech bien rodé ponctué de blagues presque pré enregistrées. Mais entre deux passages de groupes de paquebots de croisières le site se vide et redevient presque sauvage, plus naturel, plus vrai. Comme entre deux représentations, les guides soufflent un peu, se mangent un petit quelque chose au bouiboui du coin qui se transforme alors en cantine locale.
  
Après les fumeroles et autres lacs bouillonnants, nous faisons une sorte d’immersion culturelle et plongeons dans les bains de boue sulfureuse du volcan. On remonte un petit ruisseau d’eau boueuse très chaude pour aller s’enduire d’une boue noire, granuleuse qui sent le soufre (autrement dit l’œuf pourri).
Puis on laisse sécher avant d’aller faire un « plouf » dans la piscine d’eau (toujours très noire, très chaude !), pour tenter de se rincer… mais surtout se délasser. Parce qu’à ce stade vous êtes tellement crado, puant, bouillonnant, que vous lâchez prise et enfin vous vous foutez de tout, de votre apparence, des odeurs et vous profitez de cet état sauvage. Je vois encore la tête de Camille lorsqu’il nous a vu nous enduire de boue ; stupéfait. Par contre au début il n’a pas du tout aimé se faire tartiner. : « ils ne vont pas bien mes parents! ». Noé a trouvé ça trop génial. Ca lui a rappelé son hammam à Essaouira.

 

Après une bonne douche à l’eau claire et froide (pour réussir à se débarrasser de notre emplâtre boueux) nous repartons claqués, détendus et affamés. Les joues encore toutes rouges et avec notre nouveau parfum « œuf pourri » on casse la croûte (poulet boucané et pain à l’huile local. Si si, c‘est très bon, faut juste pas penser à sa ligne !) et on repart en direction du jardin botanique. Pour Camille c’est la sieste assurée sur le trajet, dans le taxi, sur le comptoir du guichet d’entrée au Jardin Botanique, dans les bras de papa.


Ce jardin est une merveille, un concentré de toute la végétation tropicale des Caraïbes. Fleurs, oiseaux multicolores, palmiers, cocotiers en tout genres, arbre cannelle, noix de muscade, agrumes, caféiers, cacaotiers, manguiers, mangle, etc…

     


Nous décidons de rentrer à pied, ce qui fait un peu halluciner les locaux qui ne sont pas habitués à voir des touristes marcher (comme eux) sur les bords de routes. Hors des circuits touristiques, à travers cette campagne luxuriante, les rencontres sont plus naturelles, plus vraies. On se salue quand on se croise dans les rues, fièrement les locaux nous souhaitent un bon séjour et de bien profiter de leur île.

       

Nous rentrons au bateau sur fond de coucher de soleil. On en a pris plein les yeux. Les enfants sont apaisés, comme ressourcés par ce périple à terre. Un plouf du soir et la nuit sera divine.

  

Le lendemain nous remontons vers le Nord, direction la célèbre Marigot Bay. J’avais découvert cette magnifique baie sauvage qui s’enfonce dans les terres il y a 15ans. A l’époque, il n’y avait là que deux bicoques qui faisaient office de bar et « d’épicerie ». Nous pouvions mouiller, seuls, au milieu de la baie et de sa végétation luxuriante, bercés la nuit par le chant des grenouilles.


Tout ça a bien changé. La baie est maintenant envahie de bateaux, d’une marina et ses boutiques à touristes « duty free ». L’endroit reste néanmoins très beau, mais a perdu de sa magie

Les vacances sont finies, nous devons rentrer en Martinique, finir les travaux sur Planetocean.


Février 2012, Martinique: l’île aux fleurs

La Martinique, Le Marin.
Cette longue escale à la Martinique fut un peu comme un retour à la maison. Nous y avions nos repères et Olivier y avait séjourné 2 mois lorsque nous avions acheté PlanetOcean, il y a 2 ans.

Notre première semaine en Martinique fut celle des retrouvailles pour Noé avec son grand copain Anatole et pour nous avec nos amis.

Nous profitons de conditions météos exceptionnelles pour aller visiter les anses sauvages du nord de l’île au pied de la Montagne Pelée (drôle de nom pour un volcan aujourd’hui recouvert d’une dense forêt tropicale). Mouiller à l’anse à Voile, l’anse Couleuvre et l’anse Céron nous donnait des allures d’explorateurs.

Noé a profité des eaux claires pour faire ses premières brasses tout seul, roulades sous l’eau et nager de la plage jusqu’au bateau avec son papa (et ses bouées, je rassure les grand-mères !). C’est là aussi que j’ai fait ma première exploration en masque-tuba avec lui. C’est émouvant de pouvoir partager cette découverte du monde sous-marin avec son fils, qui déjà s’applique à faire les signes de plonger et montre avec excitation (et parfois un peu d’appréhension), les bancs de poissons qui passent autour de lui. Lors de notre prochaine navigation vers l’ancienne capitale de la Martinique, St Pierre, les dauphins viennent nous faire un petit coucou.

Après une première escale technique (et pluvieuse !) au port du Marin nous réussissons à nous échapper et partons faire une virée à Sainte Lucie avant les prochains travaux avec l’électricien.


Stéphanie