Cartagene

Cartagène, ville d’histoire

J’avais envie de vous écrire un mot sur cette ville qui m’a beaucoup ému. Le hasard, les vents, la mer et surtout l’humeur du capitaine ont provoqué cette escale non prévue.
Après le port de Barcelone, très moderne avec ses cartes magnétiques pour accéder au ponton, l’atmosphère de mégapole sous la pluie, l’affluence des bateaux… le “petit” port de Cartagène nous a semblé de taille plus humaine.
Bien sûr il y a à l’entrée un port industriel avec des mines de phosphate et de gros cargos, mais une fois entrés dans le port de plaisance, tout change. Nous nous sommes amarrés au quai donnant directement sur la ville et la promenade du soir. Nous n’étions plus des touristes, mais devenions l’attraction des curieux. Juste en face, le centre ville, les restaurants et les vestiges d’une ville qui témoigne encore de l’histoire de la Méditerranée.

Jusqu’alors pour moi, Cartagène était associée au passage des romains, je l’imaginais comme une colonie lointaine qu’Astérix aurait pu visiter lors d’une de ses aventures! Attention à ne pas confondre avec la tristement célèbre Cartagena en Colombie.


J’ai pu découvrir, gràce à cette étape, une ville qui fut le témoin et l’acteur de l’histoire méditerranéenne à part entière, comme ont pu l’être Rome, Constantinople ou Syracuse.
J’ai toujours été assez nul en histoire, mais je suis presque certain que cette ville n’a jamais été mentionnée dans mes cours d’histoire. Enfin cette étape a été instructive et émouvanteNous avons pu visiter les vestiges des murailles ioniques construites par les cartagenois 3 siècles AV JC, détruites par les romains et renforcées par les mêmes. Là nous avons vu le génie employé pour conduire l’eau à l’intérieur des murs et admiré la finesse des pièces de poterie.
Puis la visite d’un théatre à moitié reconstitué nous a permis de suivre l’évolution de la ville : construction du theatre, transformation par les romains en marché, amoncellement de paillotes et finalement construction de maisons sur les ruines. Ce n’est que récemment que des fouilles ont permis de le remettre à jour.
La visite du château permet d’avoir une vue panoramique : la mer devant, avec cette grande baie protégée qui a servi à chaque époque de refuge aux navires, et cette grande plaine de l’autre coté, surplombée de quelques pics rocailleux et fortifiés. On imagine alors l’effet que pouvaient ressentir les assaillants en arrivant (qu’ils soient romains, phoeniciens ou berbères).

C’est de Cartagène que parti Hanibal (pas le cannibal, mais celui qui a traversé les Alpes avec ses éléphants pour envahir Rome), alors que Scipion arrivait d’Italie et prit la ville démunie de défenses en combinant les attaques par la mer et la terre.

J’ai aussi été impressionné par le travail de transformation de l’environnement avec l’assèchement des marais qui entouraient une partie de la ville. Travail de plusieurs générations d’hommes et d’arbres, qui ont permis à la ville de s’étendre et d’avoir sa taille actuelle. Bien sûr d’autres l’ont déjà fait ailleurs, en France, ou plus encore aux Pays-Bas, mais cette vue depuis ce château permet réellement de se rendre compte de la surface gagnée et nous n’imaginons plus de nos jours un chantier d’aménagement du territoire dont la durée s’étalerait sur 150 ou 200 ans… qui parle de développement durable?…
Olivier