29 decembre.
Arrivee au Cap vert a Tarrafal de Sao Nicolao.
Je pensais être largement à l’abri du vent et de la houle derrière cette longue île et le mouillage promettait d’être des meilleurs après cette traversée agitée depuis les Canaries. Mais seule la houle diminua alors que le vent allait jusqu’à plus de 30 noeuds. Planet Ocean prend le vent de côté, puis au près pour fendre le clapot, écumant les flots à 10 noeuds. Nous arrivons un peu plus tôt que prévu, mais ça tombe bien car le mouillage est occupé par une dizaine de bateaux, et il faut trouver un bon ancrage pour tenir le vent qui descend des ravins en rafale. Je choisis de m’éloigner un peu du groupe à proximité de la jetée, ça rallonge le trajet en annexe, mais le vent y est moins fort. En fait le vent finit même par tourner pendant la nuit, plusieurs fois, sur 360 degrés… au petit matin la chaîne s’était enroulée autour d’un bloc de roche, j’ai dû plonger pour arranger ça!
Nous retrouvons à terre Francis et Romi, couple d’amis de Bordeaux installés depuis quelques années au Cap Vert, qui nous guident dans de ce nouveau pays. Le marché du port nous fournit eau et produits frais de base (très basique patates, carottes, oignons et papaye), on trouve le rhum (appellé « Grog » localement) et le pain à la supérette. L’Afrique créole nous sourit et nous prenons enfin conscience de notre latitude.
Un matin, Francis est passé nous voir avec son bateau très tôt le matin, Noé et moi sommes partis pêcher avec lui. La traîne n’ayant rien donné, nous avons trouvé par le fond des cabiloutes, de quoi nourrir l’équipage. Francis était un peu déçu qu’on ne rapporte ni thon ni dorade, mais Noé était ravi de sa matinée en mer sur un bateau de pêche.
le 3 janvier, tout l’equipage de PlanetOcean est monté au sommet du Monte Gordo, 1304m dont seulement 500m en minibus. Les enfants nous ont épatés et ont grimpé courageusement. Noe voulait tellement aller mettre sa tete dans les nuages. Puis nous sommes descendus rapidement à cause de la fraîcheur au sommet, dans les nuages la condensation était telle qu’on se croyait dans un freezer.
Nos journées pendant cette semaine furent rythmées par les activités des enfants le matin, le marché d’où nous rapportions aussi l’eau en jerrican pour remplir les cuves au fur et à mesure, les ballades, un peu de bricolage sur le bateau bien sûr histoire de ne pas perdre la main…
Un soir, j’avais pensé pouvoir laisser l’annexe à l’eau pour la nuit, mais le vent s’est levé. A 5h du mat je me réveille avec un drôle de pressentiment et sors sur le pont. L’annexe s’était retournée, le moteur bien accroché mais plein d’eau de mer, les quelques tongues, les rames et le bidon de secours ont dû partir au large… Bonne leçon pour moi, j’ai dû demonter le moteur chez Francis et on lui a fait un grand nettoyage, maintenant il fonctionne encore mieux!
Après une semaine d’escale avec nos amis, nous devons partir chercher Vincent à Praia sur l’ile de Santiago. 130 miles à parcourir, nous levons l’ancre dans la matinée du 5 janvier pour arriver au petit jour du 6 dans la baie de Praia.
Praia, capitale du Cap Vert et escale technique s’il peut en être… Arrivée au mouillage dans la baie très protégée de Porto Praia, nous trouvons 5m d’eau trouble devant un mini ponton et une décharge publique aux effluves nauséabondes… Je fais les papiers : immigrations et tampons d’entrée des passeports, capitainerie pour déclarer notre entrée (pas indispensable sur Sao Nicolao) puis avec Odile, les courses de frais au marché et supérette (même un leader price!). L’ambiance est plus industrielle que sur Sao Nicolao et les locaux plus nerveux, voir agressifs. J’ai quelques discutions «houleuses » avec Georges, le jeune qui « garde » les annexes quand on débarque : il demande toujours plus de sous pour sa bienveillance et sent de plus en plus l’alcool… Un jeune marin d’un autre bateau s’est fait agressé à coup de pierre la nuit du 31. Vincent nous arrive dans la nuit et embarque sans souci, au matin suivant nous quittons ce mouillage pas très accueillant et mettons le cap au Nord et touchons Tarrafal de Santiago en fin d’après midi, où mouillent 3 vieux ketchs et quelques bateaux de pêcheurs . La petite baie est accueillante et le vent y reste raisonnable, le mouillage correct, le site se prête à la relâche… Odile repartira le lendemain, après avoir abusé du soleil pour faire croire qu’on n’avait eu que du soleil! Son soutien sur le bateau nous a été d’un grand secours, dans les manoeuvres, les activités des enfants et la vie à bord. Merci Odile! Nous faisons d’agréables rencontres, notamment une autre famille dans un ketch qui voyage avec 2 filles dont l’une a 3ans ½. Camille et Noé rivalisent et tentent de ravir la belle, mais Lili ne s’en laisse pas compter et va de mains en mains avec plaisir! Nous prenons enfin le temps de nous relâcher un peu, plage avec les enfants, visite du centre ville,, marché, internet (quand ça marche…), sans oublier la préparation de la prochaine étape, la traversée de l’Atlantique. Nous avons prévu de redescendre à Praia dimanche 15 janvier, pour faire nos papiers de sortie lundi et finir le marché de frais avant de reprendre le large. L’atmosphère à bord est sereine, les vents seront portants, le principal désagrément pouvant venir de la houle et rendre la transat plus désagréable.
Olivier
PS: Nous vous mettrons des photos des que internet fonctionnera