Enfin de retour à CUBA!

 

Cuba

arrivée à Santiago

Nous sommes heureux d’être revenus à Cuba cette année, les rencontres et les découvertes que nous avons faites cette fois-ci nous ont permis de connaître un peu mieux le pays, les cubains et leur histoire.

Arrivés en Mai à Santiago de Cuba, ce qui nous a surpris en premier fut la liberté avec laquelle les gens nous parlaient de leur pays, leurs difficultés ou leurs rêves. Alors que l’an passé certaines langues se déliaient seulement à l’écart des oreilles indiscrètes, sur un banc devant la mer, mais avec un coup d’oeil derrière l’épaule pour vérifier que personne n’écoute; cette année le coup d’oeil n’y était plus et les opinions politiques ou économiques étaient dévoilées plus facilement.

Nous avons attribué ce «relâchement» au passage du cyclone Sandy en Octobre 2012, dont les effets ont étés dévastateurs sur Santiago. Les habitants ont beaucoup perdu puis reproché au reste du pays de ne pas les avoir assez aidé à reconstruire. Du coup l’ambiance de la ville a changée. Plus d’insécurité, une centaine d’agressions ont été relevées ces 8 derniers mois sur la région de Santiago. Pour un pays qui ne connait pas l’insécurité, même le soir dans les rues animées (ou non) des villes, ça fait un choc. Les touristes sont aussi pris d’assaut dans le centre ville par toutes sorte de gens (guides improvisés, vendeurs de journaux, mendiants, musiciens) car beaucoup donnent facilement. La tranquillité de la marina n’est plus, même si ça ne craint toujours pas du tout pour les plaisanciers. Mais on peut vous proposer parfois de l’herbe, de la coco, du carburant de contrebande ou même des diamants! Cuba ne nous avait pas habitué à ça l’année dernière. On pourrait presque oublier parfois que Cuba est encore sous une dictature. Pourtant nous avons encore eu des témoignages d’arrestations faciles et des expulsions du pays (pour les touristes) rien que pour avoir été vue en compagnie de «dissidents» politiques. La dénonciation est encore beaucoup utilisée, la loi est dure et les oreilles trainent partout. Alors gare aux plaisanciers qui seraient tentés par quelques diamants….  😉

Le lendemain de notre arrivée, notre ami Julio, représentant de la Casa del Caribe, nous attendait pour nous emmener dans son village de El Cobre, à 20km de Santiago, pour rencontrer les artistes peintres qui avaient réalisé des œuvres spécialement pour notre asso et notre action «Bateau Artistick». La rencontre avec les peintres fut très émouvante et touchante d’humanité et de spiritualité

basilique de el cobre  ds les rues del Cobre   famille de Julio
(Julio est le monsieur à la casquette rouge sur la photo de sa famille)

Dans cet adorable village, célèbre pour sa Basilique et la Virgen de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba, nous avons aussi eu l’occasion de faire quelques projections de films que les petits comme les grands ont beaucoup appréciées. Une semaine plus tard il a fallu repartir pour Cienfuegos et les au revoir avec El Cobre, la famille et les amis de Julio furent aussi difficiles qu’émouvants.

les jardins  sauvage

Sur la route vers l’Ouest nous nous sommes arrêtés dire bonjour à la famille de Yaniel (que nous avions rencontrés l’année dernière) à Marea del Portillo, puis nous avons fait un stop dans les Jardin de la Reine histoire de nous gaver de langoustes. 

           Les langoustes et olivier, une histoire d'amour?

 

 

 

bienvenidos socialista

 

Au contraire de Santiago, Cienfuegos n’a pas beaucoup changé depuis l’année dernière. Toujours une belle petite ville très tranquille, genre station balnéaire des années 50.

 

On se croirait parfois plongé dans un film de Tati. Un étrange mélange entre Jour de Fête et Trafic. Puis nous avons laissé Planet Ocean pour une semaine afin de «monter à la capitale», visiter la Havane et Viñales (province de l’Ouest, du tabac, des fruits et du vin).

Nos moussaillons ne peuvent pas s'empecher de pechermaleconGrandes émotions sur le malecon

La Havane a su nous surprendre par son étonnante tranquillité pour une si grande ville. Les «casa particular» du centre ville sont très accueillantes et chaleureuses. Dans la nôtre (chez David et Lydia) dans le quartier de Centro Habana, on a pu y rencontré toute la famille sur plusieurs générations. Les enfants ont adoré les crocodiles et les tortues («jigoteas») dans le patio! Casa Particular
Pris en sandwich entre la vieille ville («Habana Vieja», le coin touristique), le «barrio Chino» (quartier chinois) et le Vedado (quartier résidentiel de la classe moyenne), ce quartier du Centro Habana est aujourd’hui surpeuplé et les familles s’entassent dans les immeubles délabrés. Mais l’ambiance y reste extrêmement chaleureuse, solidaire et accueillante. Et puis, il y a des gens comme la famille de David qui ont retroussé leurs manches pour restaurer plusieurs immeubles qu’ils transforment alors en superbes pensions familiales. Voilà un effet positif du tourisme!

Quand au vieux centre ville, sorte de vitrine touristique qui sous l’impulsion de l’Unesco depuis le début des années 90 bénéficie elle d’un vaste projet de restauration (loin de se conclure), on a l’impression de faire un bond en arrière de plusieurs décennies et de se retrouver à l’époque coloniale espagnole avec des façades splendides aux balcons élancés. Bien sûr, les vielles voitures américaines y jouent leurs rôles, ainsi que les calèches et les bicitaxis.

DSC_0136DSC_0128DSC_0157

Après avoir crapahuté dans les rues (tranquilles) de la Havane, nous sommes descendus dans la splendide vallée de Viñales.

  a cheval dans la vallée de Viñãles On y a fait une belle balade à cheval à travers un paysage grandiose et paisible. Juchés sur nos petits chevaux qui semblent avancer en pilotage automatique, nous nous promenons entre ces impressionnantes parois rocheuses en forme de pain de sucre: les mogotes, dans les plantations d’orangers et de tabac.

Viñales et ses MogotesLors d’un stop dans une de ces plantations, on nous a montré l’art de fabriquer LE cigare cubain. La culture et la récolte de ce célèbre tabac sont assez proches de celles du vin: importance du terroir, l’orientation et la qualité de la terre, le moment opportun de la récolte (par étage), puis le séchage et les fermentations très contrôlées. Enfin la fabrication du cigare est un assemblage de plusieurs feuilles dont les qualités répondent aux fonctions: les feuilles qui brulent bien, celles qui donnent le goût fort, celles qui adoucissent, celles qui tiennent le cigare…purro puis la dernière qui maintient le tout et donnent la forme et la couleur. Sans oublier les quelques gouttes de miel. Je ne suis pas devenu un amateur pour autant, au bout de la moitié je suis écoeuré… Mais je sais reconnaître les mauvais cigares maintenant!

Quant au village de Viñales, ses ruelles sont colorées grâce à ses alignements de jolies maisons basses peintes de couleurs vives. Un peu trop touristique à notre goût la journée mais lorsque les cars de touristes repartent le soir, la ville retrouve sa tranquillité et surtout son authenticité.

Puis vient le temps du retour vers Cienfuegos, non sans s’arrêter en route à Las Terrazas dans la Sierra del Rosario pour se baigner dans le rio San Juan. rioLà au coeur d’un très beau paysage à la végétation luxuriante le long de la rivière on découvre de belles piscines naturelles creusées par les rapides et dans lesquelles nous avons pu nous rafraîchir avec délice. Comme c’était le week-end, en fin de matinée plusieurs familles cubaines arrivèrent pour pique-niquer, ambiance garantie!

 

Enfin de retour sur l’eau, au grand bonheur de Camille qui se languissait de son DSC_0064bateau, nous repartons vers les Jardins de la Reine manger «une» dernière langouste en compagnie des pêcheurs. L’un d’eux fêtait son anniversaire le même jour que Stéphanie, nous en avons profiter pour fêter ça ensemble!

 

P1010298merci à 4BB2 pour ses combinaisons antiUVl'orage se lève dans les jardins

C’est un plaisir de pouvoir discuter avec les cubains, pour peu de parler un peu espagnol, j’ai du m’y mettre… mais quand ça se complique c’est Steph qui cause plus loin les sujets riches et très variés. A Cuba, les conversations et les échanges avec les chauffeurs de taxi, de bicitaxi, les rencontres au hasard des coins de rues, les vieux, les jeunes, les marchands de légumes sont un vrai régal. Tous ont un excellent niveau d’éducation et de brillantes façons de penser le monde! Espérons que cela leur permettent de faire des choix d’avenir plus judicieux que les nôtres?

Pour voir plus de photos: http://flickr.com/gp/3metz/7hp3S8/

camille revolutionaireOlivier et Stéphanie

 

L’hiver sous les tropiques (et le printemps) 2013

 L’hiver sous les tropiques… c’est pas toujours comme on l’imagine!

DSC_0012

Bon pour essayer de rattraper ce retard phénoménal, je vais un peu tricher et partager avec vous les photos de ces derniers mois (voir les liens ci-dessous). De plus amples articles suivront plus tard, c’est promis.

Pour ceux qui n’ont pas suivis les événements, nous avons passé l’hiver entre Les Grenadines et la Guadeloupe partageant notre aventure avec les amis et la famille. Jusque là, ça sonne bien. La chaleur, les rivages dorés, les petites îles romantiques et leur végétation verdoyante…  On sent déjà la paille flotter dans le verre de pina colada!

On y est presque.

Pour voir des photos cliquez sur ces liens:

http://flickr.com/gp/3metz/Tf4wd7/

http://flickr.com/gp/3metz/73Kb35/
http://flickr.com/gp/3metz/S24Ve3/

En mars nous avons fait un séjour prolongé à terre en Martinique pour effectuer des travaux importants sur PlanetOcean. Travaux que nous avions sans cesse repoussés depuis que nous avions acheté Planet mais si nous voulions faire la trans-pacifque, nous n’avions plus le choix. il fallait casser la tirelire.
Cette longue escale a permis aux enfants de retourner un peu sur les bancs de l’école. Au plus grand bonheur de Noé, et « malheur » de Camille… Nous avions loué une petite maison à l’ouest de la Martinique près du François et pouvions ainsi tous les matins admirer les paysages époustouflants de cette côte océane plus sauvage et à la fois bien protégée. Pendant ce temps, Olivier était resté sur le bateau, dans la zone de carénage avec, pour lui tenir compagnie les moustiques, cafards et rats sans compté les 35 degrés dans les cabines le soir à défaut de brise marine.
Olivier:
« Notre escale martiniquaise fût très technique et j’y ai rencontré plus de moustiques que de grains de sable. Nous avons sorti Planet Ocean de l’eau pour une remise en forme obligatoire : la coque tribord était percée à un endroit très vicieux et il a fallut faire quelques trous avant d’être certains de devoir intervenir. Je m’explique pour les plus curieux : le tube de jaumière (1) était percé sous la ligne de flotaison (2) et la fuite remplissait un crashbox (3) en arrière des moteurs. Rien de très grave car le volume d’eau embarqué ne pouvait pas augmenter grâce à une judicieuse cloison (cette fuite devait déjà être présente depuis quelques mois). Mais une réparation s’imposait et cela tombait bien, nous disposions d’un chantier compétent et avions un carénage (4) à faire.

Planetocean s’est donc retrouvé le cul hors de l’eau pendant presque un mois, et j’ai subi par la même occasion la poussière, les vapeurs de résine du chantier et les attaques incessantes des moustiques (bien organisés en 3/8 comme on dit). Heureusement que Stéphanie et les enfants ont pu loger à terre et éviter cet enfer.

Le bateau a bénéficié d’une bonne remise en forme, entre autres : révision du guindeau (5), des moteurs, du système de barre et transmission, rectification d’une dérive, nouveau circuit d’eau chaude (mmmh), nouveau foc et révision du matos de sécurité.

Bref, nous voilà repartis dans nos aventures avec un bateau plus sûr, un équipage rodé qui connait bien son bateau et par la même occasion un capitaine serein!

  1. tube de jaumière: tube qui traverse la coque à l’arrière du bateau et maintient l’axe du safran (le truc qui fait tourner le bateau). Lequel tube, de l’âge du bateau, était en aluminium et complètement bouffé par la corrosion et l’électrolyse. Changé à neuf, nous voilà repartis pour 20 ans.
  2. ligne de flotaison: ligne théorique de bonne santé du bateau. Si elle disparaît sous l’eau, il faut changer de bateau.
  3. crashbox: boite de collision en français. C’est une réserve de flottabilité compartimentée, à l’avant et à l’arrière de bateau. Si elle est enfoncée, le bateau doit pouvoir flotter encore.
  4. Le carénage est le nettoyage de la coque immergée et le changement de la peinture « anti-fouling » (qui retarde la prolifération des algues et cracoyes).
  5. guindeau: moteur électrique pour les fainéants qui ne veulent pas relever l’ancre et la chaine à la main »

Voir des des photos: http://flickr.com/gp/3metz/5ZMgG8/

Je rajouterai dès que possible des photos du chantier. c’est à voir!!

DSCN0910Le jour de l’anniversaire de Noé, le bateau était enfin remis à l’eau et une semaine plus tard nous remettions les voiles (enfin!!!) vers la Guadeloupe, St Martin et La République Dominicaine (Luperon) où nous sommes actuellement.

 

 

Pour voir des photos cliquez ici: http://flickr.com/gp/3metz/SXxvyX/

antilles103Nous mettons les voiles demain pour Cuba! Puis nous partirons pour Les San Blas (Panama) pour y être début Août. Donc ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas de nouvelles d’ici là. L’accès à internet est plutôt du genre compliqué à Cuba.

A très bientôt!

L’équipage de Planetocean

Double Strike, Avril 2013

L’autre jour Olivier est monté sur le roof (toit) du bateau pour dévisser une goupille récalcitrante avec une belle clé à molette bien costaud, comme il se doit pour ce genre de manip. Sauf que…

Sauf que… la clé lui a échappé des mains et est tombée.Jusqu’ici rien de très grave. Sauf que… les enfants étaient tranquillement assis sous le hublot de toit, en train de lire des BD. Sauf que

Sauf que le hublot était ouvert…. et la clé est tombée sur eux. Bing! Double stike, sur la tête de Noé, puis sur celle de Camille… Heureusement…

Heureusement ils ont la tête dur mes petits loups de mer…
« Heureusement le hublot était ouvert, sinon ça l’aurait cassé » (dixit stéphanie… OOOOhhhhh!!!!)
Heureusement ils ne sont pas rancuniers..
P1000891 P1000889

Bon pour ne pas avoir de problème avec les services sociaux, on a vite caché les pansements sous de beaux déguisement de pirate… on y voyait plus rien, sauf la marque de la clé sous le pansement…   🙁

P1000898Ah, la vie en mer, c’est vrai c’est dangereux!

Cadeau de Noël, Décembre 2012

Un cadeau de Noël exceptionnel.

Peu avant Noël, alors que nous avions encore le coeur gros d’avoir dit au revoir à la famille qui était venue passer quelques semaines à bord, la nature nous offre un cadeau inoubliable.

Nous nous réveillons au petit matin, au mouillage du Pain de Sucre des Saintes. Le temps est beau, très calme nous ne sommes que deux bateaux dans la baie.

Je prépare le petit dej dans le calme quand Olivier se met à crier: « dauphins! ». Au début j’ai cru que c’était une (mauvaise) blague car nous n’avions encore jamais eu la visite des dauphins au mouillage. Mais connaissant mon capitaine, je ne pense pas que son cerveau eut été assez réveillé pour avoir ce genre d’humour avant sa première tasse de café. Je fonce donc sur le pont. Il dit vrai! Deux dauphins un adulte et un petit, nagent autour du bateau.

Ni une ni deux je mets mon masque enfile mes palmes et je saute à l’eau. Tant pis pour le café, adieux tartines et céréales du matin! La visibilité n’est pas terrible, le soleil encore bas sur l’horizon (il n’est que 6h), l’eau fraîche… Ben ouaih quoi, elle n’est plus qu’à 24 degrés! Je nage, je fais des ronds autour du bateau, puis dans la baie… Rien. Oh!… Mais, où sont-ils…? Au bout d’un quart d’heure (c’est long un quart d’heure à faire des ronds dans l’eau sans rien voir!..) je me sents comme observée. Je me retourne et me trouve littéralement nez à nez avec les deux dauphins qui m’observaient, curieux et sans doute se demandant ce que je pouvais bien être en train de chercher. J’ai beau savoir que ce sont de gentils dauphins.. Je fais un de ces bons dans l’eau (si si, c’est tout à fait possible). A tel point que je les fais sursauter eux aussi. Puis nous faisons connaissance, le petit me provoque comme pour jouer sous l’oeil bienveillant de sa maman. Ils s’éloignent un peu, je reprends mon souffle, mes esprits et préviens Olivier et les enfants pour qu’ils viennent partager cet instant de grand bonheur. Noé saute à l’eau et nous partons à nouveau à la recherche des dauphins. Cinq minutes plus tard (c’est long aussi 5 minutes!).. alors que nous commencions à penser qu’ils étaient peut-être partis, les revoilà… Le petit fonce direct sur Noé pour jouer, il lui tourne autour, vient devant son masque faire des cliquetis, lui passe entre les jambes. Noé fait quelques apnées pour tourner sous l’eau avec les dauphins (au grand bonheur du plus jeune). Plus tard Camille se joindra à nous aussi, avec Olivier. J’en oublie mon petit dej, que j’ai froid aussi et nous resterons 3 bonnes heures à nager et jouer avec eux! Puis d’autres bateaux arrivent au mouillage, nous sommes maintenant une dizaine de nageurs autour des dauphins. c’est trop à notre goût. Nous en profitons pour remonter à bord de Planet, nous réchauffer, manger puis nous y retournerons une fois les baigneurs partis, histoire de dire au revoir à nos nouveaux compagnons de voyage.

dauphins saintes 1Quelle rencontre extraordinaire avec ces beautés de la nature, libres de leurs mouvements, libre de leur destinations, libres de leur vies. Inoubliable!! Noé et Camille étaient tellement à l’aise avec ces énormes animaux. Ils jouaient avec eux avec respect, amour et admiration. Noé à enregistrer chaque détail des deux dauphins (la forme et le fonctionnement des évents, les tâches sur leur corps, la forme des nageoires, les cicatrices, le regard, les façons de communiquer, de nager, leurs mimiques, les sons etc …) .

PTDC0003PTDC0002

Merci la vie, merci la nature pour ce précieux cadeau !!!! Nous l’avons savouré et à jamais nous garderons ce trésor au fond de nous!

Stéphanie

Les photos sont certes de mauvaise qualité mais ça aide à s’imaginer… surtout celle d’Olivier jouant avec le petit.

En Avril nous avons eu la chance de revoir ces 2 dauphins. Il s’avère que le petit est une fille et que la maman est à nouveau enceinte.Ci dessous d’autres photos d’eux, sous l’eau et au dessus avec stéphanie à coté d’eux. Un vrai régal, on ne s’en lasse pas!

P1000925  P1000918P1000922P1000923

Saison cyclonique

DSC_0058La vie sous les tropiques en saison cyclonique.

Bon la vie n’est pas toujours rose sous les tropiques ni la mer bleu turquoise. Y’a les joies de la saison des pluies et de ses cyclones.
Ah la saison des pluies! Ca porte bien son nom. On passe nos journées à ouvrir, euh non fermer, ah tiens rouvrir, oups non vite fermer.. les hublots, y’en a 14 à chaque fois!!!!! Héhéhé… Même la nuit!!! Ca c’est moins drôle. Surtout lorsqu’il fait déjà 32 degrés dans le bateau.

Et puis tous les jours on guette la météo et on regarde passer les grosses dépressions tropicales au dessus de nos tête qui se transforment vite en cyclones sur la Martinique ou la Guadeloupe. Comme Ernesto ou  Raphael qui nous a offert un spectacle digne du temps des gaulois. Car comme eux on se demandait si le ciel n’allait pas nous tomber sur la tête. Jetez plutôt un oeil aux photos sur le lien en bas de l’article. Aucune n’a été retouchée ni prise avec un quelconque filtre.

DSC_0060DSC_0068

Parfois on se demande s’il va falloir prendre la fuite, vers le sud, vers Trinidad ou Tobago. Parfois on se dit «c’est trop tard», la dépression est trop au sud, peut-être allons-nous devoir aller se mettre à l’abri dans la mangrove de Carriacou. On se consulte les uns les autres terriens et marins… Puis l’inquiétude s’apaise, l’onde tropicale passe sans se transformer en cyclone et on s’invite à partager un verre ou une bouffe pour se remettre de nos émotions.

 

Dans notre style de vie, on ne trouve pas toujours notre espace DSC_0077vital. Le bateau semble parfois rétrécir et demander encore trop de travaux, mais si on tient le coup financièrement je ne changerai rien. Même si notre famille, nos amis nous manquent beaucoup. Mais je suis sûre que vous finirez par craquer et viendrez nous envahir un peu un de ces jours…

 

DSC_0619Lors de ces longues escales comme à Carriacou et Grenade, on prend aussi un rythme de rentrée des classes et nos journées sont bien remplies. Olivier fait des réparations et améliorations sur le bateau qui l’attendaient depuis des mois puis en fin de journée il part à la chasse sous-marine (dorades, carangues et langoustes). Moi je m’occupe des enfants et de l’intendance.

Noé a trouvé des copains à bord de bateaux voisins et à terre, donc on consacre les matinées aux activités (dessin, écritures, sciences de la nature, pâte à modeler, lego, peinture, mathématiques appliquées, cuisine, anglais) à 2, 3 ou 4 enfants. C’est sport.

 

L’après midi on attend 4heures lorsqu’il fait plus « frais » (35 degrés),  pour faire des activités en extérieur (kayac, chasse DSC_0694au trésor de pirate etc). Le matin lorsque je me lève avec Camille vers les 6h du mat il fait déjà 33 degrés dans le bateau!
DSC_0007J’essaie aussi de préparer ma mise à jour du blog quand j’ai un peu de temps (45minutes top chrono à l’heure de la sieste par 40 degrés, et le soir si je ne m’endors pas.. Naan en fait ça marche jamais le soir car je tombe à chaque fois de sommeil en attendant que l’ordi s’allume. Rrrmpfff rrrmmpff.  Voilà, un emploi du temps bien chargé. Bon j’ai le soleil et la mer en prime et ce n’est pas négligeable.

Les enfants en ont d’ailleurs profité pour faire de gros progrès en natation. Noé est très bon nageur et plongeur; Camille plongeur malgré lui et nageur freestyle (mais ça marche très bien). Je n’ai pas besoin de faire d’atelier motricité durant les matinées d’école.. ils sont bien assez singes comme ça.hi hi hi 

Pour voir plus de photos http://flickr.com/gp/3metz/t2WJ97/

Stéphanie

Août-Octobre 2012, Carriacou

P1000464

Avant le passage du premier cyclone Ernesto, nous avons trouvé refuge à Tyrell Bay sur Carricaou, juste avant Grenade. Cette île offre une grande baie protégée et un repli idéal dans la mangrove, mais Carriacou ce n’est pas que ça…

Pour la petite histoire: les premiers habitants furent les indiens Arawaks puis Caraïbes qui ont nommé Carriacou « le pays des récifs ». Puis l’île fut colonisée par les français mais cédée en 1763 avec Grenade au Royaume-Uni avec le traité de Paris.

Dans les années 60, beaucoup de « carriacouans » émigrèrent au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou dans les autres îles des Antilles à cause du manque d’emploi. L’île n’a pas de secteur manufacturier et l’agriculture reste la principale activité de l’île. Mais Carriacou n’a pas de rivière, l’approvisionnement en eau ne provient que des précipitations ce qui parfois peut poser de vrais problèmes pendant la saison sèche qui s’étend de janvier à juin.
Dans les années 2000, beaucoup de carriacouans retournèrent dans leur île pour y prendre leur retraite rapatriant ainsi le pactole de toute une vie de labeur et enrichissant par la même l’économie locale. Aujourd’hui, on ressent toujours une influence britannique sur l’île dans les moeurs et coutumes mais on y retrouve aussi une influence française dans les noms de villages et dans le créole local.
Dans le village de Windward, situé dans le Nord de l’île, on peut encore voir des constructions traditionnelles de bateaux suivant le fidèle héritage des descendants écossais et irlandais.

Lorsque nous avons débarqué pour la première fois à Hillsborough (certes un dimanche après midi!), les rues étaient désertes. Seuls quelques chiens errants trainaient la patte dans les caniveaux esquivant des buissons roulant sur la route sous le vent chaud d’un mois d’Août. Une ambiance plutôt tristounette loin des images de cartes postales que nous nous étions faites. Une fois les formalités douanières faites, nous sommes vite partis mouiller à Tyrell Bay dont nous avions entendu beaucoup de bien.
P1000615Là encore nous fûmes un peu surpris en débarquant de ne trouver qu’une route longeant la plage, bordées de quelques petits restaurants, deux semblants de superettes, un centre de plongée, un atelier de voilerie, les deux cabanes de vendeuses de fruits légumes.

DSC_0186P1000584P1000623

Mais très vite nous avons compris que Carriacou n’offrait sa vraie beauté, dévoilait ses richesses qu’à ceux qui prendraient le temps. Car si Carriacou a la réputation d’être une des plus belles île des Antilles avec ses plages de sable blanc, des baies assez profondes, des paysages variés et des sites de mouillage exceptionnels; c’est à vous de les découvrir, de les explorer, comme des grands! Car le plus beau dans tout ça c’est que ce n’est pas une île touristique. Il n’y a pas vraiment d’infrastructures d’accueil, pas de grands hôtels, pas d’aéroport international, ni de rabatteurs à touristes. Les Carriacouans vous accueillent simplement, naturellement comme des voyageurs, curieux de vous connaître, de vous découvrir et de vous faire partager leur île, si vous le souhaitez.

Au cours des trois mois passés à Carriacou pendant la saison cyclonique, nous avons pu tisser de vrais liens avec les habitants, partager avec eux nos vies respectives. Ici on prend le temps de se rencontrer, de se découvrir, de s’apprécier. Fini les rapports d’argent clichés, où nous les touristes de la mer ne sommes que sources de revenus faciles. Non, ici tout le monde paye ses bananes, ses patates douces, ses avocats au même prix, tout comme le trajet de bus. Ici nous redevenons enfin des voyageurs que les Carriacouans sont fiers d’accueillir.

Alors, sans vraiment s’en rendre compte on se met au rythme de Carriacou «ni trop vite, ni trop lent» et on savoure la vie. On profite d’une belle promenade dans la campagne environnante, on discute avec les pêcheurs et les marchandes de légumes. Le vendredi soir on célèbre l’arrivée du week-end avec tout le village autour d’un concert de Steel Drum avant de passer le Week-end avec tout le monde sur la plage. Au mouillage comme dans le village, on y trouve l’été une ambiance de camping: apéro chez les uns, grillades chez les autres, activités pour les enfants sur la plage, bricolage, pêche. La plupart des bateaux au mouillage sont là pour plusieurs semaines ou mois, et les séparations n’en sont que plus difficiles.
Oui la vie est simple et douce à Carriacou sans non plus être coupée du monde (il y a internet partout). C’est juste que les gens ici on sut prendre ce qu’il y avait de bon dans notre société dite moderne (santé, éducation, culture, communication etc) tout en ne perdant pas les liens humains, familiaux et en ne succombant pas au «toujours plus». Ici, un téléphone est un téléphone, on se fiche bien qu’il ait 2, 3 ou 5 ans tant qu’il fonctionne. Ici les enfants jouent dehors en toute liberté et tout le monde garde un oeil responsable sur eux.

DSC_0229Les vendeuse de légumes, Denise et Dodline, chacune un étal de légumes dans une petite case en bois fait de 4 planches et un «toit» au bord de la route, sont devenues nos doudous nous offrant tous les jours leurs maigres richesses selon les arrivages du moment.

P1000699Puis il y a Johnny qui passe prendre le café le matin et s’invite à manger les soirs où il a la flemme de se faire sa tambouille, seul sur le catamaran dont il a la garde. Parfois il part pêcher avec Cigarette. Enfin, il le regarde plonger et lui il garde la barque, au cas où… . Parce que Johnny lui, il est pas prêt à mettre la tête sous l’eau et encore moins à regarder ce qui vit là dessous. «Naan!!» Comme dirait Johnny…. «I don’t like these swimming stuff under there». (je n’aime pas tout ces trucs qui nagent là dessous).

P1000579Il y a Andy aussi (un sacré oiseau ce Andy) qui tient l’unique voilerie de l’île. Le british du coin qui illumine nos journées de son sourire, de son flegme et de DSC_0230son positivisme. L’incarnation même de l’expression «quand on n’a pas de tête on a des jambes»…   Enfin en ce qui le concerne, une bonne annexe qui lui permet voleter et virevolter de bateaux en bateaux pour y faire ses travaux.

Ah je dois aussi vous parler de Geneviève et Dominique. Geneviève qui m’a si généreusement transmis ses savoirs de masseuse-osthéo grâce à une formation continue et intensive . J’espère que je serai à la hauteur du «maître» et de ses talents, mais en tout cas depuis je m’éclate bien à partager des massages à qui veut bien en recevoir. Dominique (alias Domino), son mari, a inventé un concept tout simplement génial. Il a installé son atelier de soudure, couture sur l’eau au milieu de la baie sur un vieux trimaran (qui certes prend un peu l’eau, alors il pompe, il pompe Dominique.. ). DSC_0035L’espace est très ouvert et accueillant à l’image de Dominique. Ainsi les bateaux qui ont des réparations à faire peuvent venir s’amarrer directement à l’atelier et obtenir un service soigné, sur mesure et à domicile. On y trouve astuces, bons plans, trocs et une main experte en soudure aluminium et inox.. Trop fort ce Domino!

P1000626P1000648PTDC0082

DSC_0702 J’en oublie bien d’autre des figures de Tyrell Bay à Carriacou, comme Diane et Richard les Canadiens qui tiennent une des deux centre de plonger, l’équipe du Lambi Queen chez qui ont peut déguster des fricassés de Lambi ou de la belle langouste grillée en écoutant le groupe local de Steel Drum (les deux déchirent!) et tant d’autres…

Cette île et ses habitants nous ont marqué pour la simplicité et la sincérité des rencontres, à bientôt Carriacou!
Pour voir plus de photos, cliquez sur ce lien: http://flickr.com/gp/3metz/2Pb729/

 

Eté 2012, Les Grenadines

kitesurf3
Pour ceux qui ne les connaissent pas, sachez que cela n’a rien à voir ni avec le sirop ni avec le fruit. Ce sont les îles du Sud de l’arc antillais et on y distingue 2 pays : Saint Vincent les Grenadines et Grenade. Elles ont l’avantage d’être hors zone cyclonique (ça ne veut pas dire qu’il n’y a jamais de cyclone).

Les Grenadines sont réputées pour leurs décors dignes des plus belles cartes postales. Nous avons eu le plaisir d’accueillir en pension plusieurs familles qui ont pu découvrir ces remarquables plages de sable blanc sous les cocotiers, nager avec les tortues, les raies aigles, les requin dormeurs (inoffensifs!), explorer les fameux récifs du parc naturel des Tobago Cays, discuter spiritualité avec les rastas et faire des colliers de graines et coquillages en sirotant une piña colada.
DSC_0590       PTDC0401        PTDC0410

Bref, les Grenadines, nous n’en parlerons jamais aussi bien que les sourires et les yeux émerveillés de tous ceux qui sont venus partager avec nous ces îles exceptionnelles.

Pour voir plus de photos cliquez sur ce lien: http://flickr.com/gp/3metz/C5St89/

 

 

Mai 2012: Haïti, île à Vache.

Haïti, Côte Ouest: île à vache, Baie à Ferret

3 pirogue d'île à vache

Ile à Vache fut pour nous tous une étape marquante du voyage et nous a tous plongé dans de longues réflexions, des questionnements ou des incompréhensions.

comité d'accueilLorsque vous arrivez à île à Vache en bateau vous êtes tout d’abord accueillis par de nombreuses pirogues avec à leurs bords des jeunes gens, souvent trop jeunes, qui viennent vous offrir des services multiples et variées contre une petite rémunération (nettoyage de la coque, des inox, « guide » pour des excursions à terre, nous vendre des fruits, des légumes, du poisson, des lambis (délicieux gros coquillages locaux), faire notre lessive etc) . Jusqu’ici rien d’inattendu et ce premier contact est même plutôt sympa. Bien que poser l’ancre devient vite un exercice de style entre le mouillage qui ne tient pas très bien, toutes ces pirogues qui tapent sur la coque en s’accrochant autour du bateau et tous leurs occupants qui nous parlent et nous interpellent pour nous proposer leurs services. On ne s’entend plus à bord mais les enfants sont ravis et se disent qu’ils vont enfin avoir de la compagnie.
Bientôt comme c’est de coutume ici (et la seule façon de se libérer des 10 pirogues amarrées à PlanetOcean), nous choisissons les services de deux gaillards pour nettoyer la coque (qui en a largement besoin) et faire un peu de polish sur le pont. A île à Vache le marché du travail répond plus à la loi de la demande que de l’offre, et si tu ne fais bosser personne alors pourquoi venir à île à Vache se demandent les locaux. A moins que tu aies un chargement de dons à livrer à terre?

Pour aller au marché, il faut se rendre au village voisin à quelques kilomètres d’ici. Le meilleur et le seul moyen de transport pour s’y rendre ce sont nos jambes et nos pieds, comme les locaux. Il faudra compter 1h1/2 de marche aller, et à peu près pareil pour le retour. Sans doute moins si les moustiques sont de la partie et vous font presser le pas.

Nous étions à peine 4 ou 5 bateaux dans la baie or nous avons appris qu’il y a 10, 15 ans des dizaines de bateaux arrivaient tous les jours à île à Vache qui prenait alors des airs de chantier naval.

Le village constitué de belles petites maisons toujours très bien entretenues, arrangées et décorées ne nous a jamais semblé miséreux . Même s’il n’y a pas de meubles, si les lits sont très spartiates (une natte par personne) ni d’eau courante (il y a un puits dans le village) et encore moins d’électricité . La cuisine se fait au bois dans des petits braseros, la vaisselle dans des bassines et la douche se prend à la plage dans la mer. Par contre il y avait deux poteaux avec des prises pour recharger les portables (équipés de panneau solaires) et sponsorisés par Digicel (l’opérateur téléphonie mobile locale)! Jusqu’ici vous allez me dire, rien de très perturbant.Et pourtant..

«Donne moi, donne moi mais surtout donne moi à moi, pas à mon voisin»

Nous avons rencontré Philbert (un jeune garçon de 9 ans) grâce au bateau Begonia, une famille américaine qui s’était pris d’amour pour lui. Ne parlant pas français, ils étaient venu me demander de faire l’interprète auprès de son père pour aider Philbert à réintégrer l’école puisque c’est ce qu’il demandait. Enfin… Il demandait des sous pour aller à l’école. Je leur conseillais plutôt de rencontrer la directrice de l’école pour en discuter et si l’argent pouvait aider, alors de le donner à l’école plutôt qu’au papa de Philbert. Eh oui je l’avoue, dans cette drôle d’ambiance je commençais à voir un peu le mal partout.
Alors que je me rendais à l’école du village avec Philbert et la famille américaine, un pêcheur qui réparait son filet m’interpelle et me demande de l’argent pour son filet. Je lui explique que j’ai plutôt choisi d’aider cet enfant en lui payant ses livres d’école, son uniforme et un tuteur pour se remettre à niveau d’ici la rentrée prochaine afin qu’il puisse réintégrer l’école. Il lève alors les yeux au ciel et m’explique que je ferais mieux de lui donner les sous à lui. Qu’est-ce que je m’embêtais à vouloir aider ces « enfants démunis ».

 Un jour, alors que nous remuions ciel et terre pour réussir à organiser une projection de cinéma, il ne nous manquait plus que l’essence pour le seul générateur trouvé à terre et le tour était joué. L’homme que nous avions chargé de nous acheter de l’essence sur l’île principale d’Haïti (en échange d’un large pourboire pour la course tout de même) revint au bateau 2h avant la projection avec du … Gasoil! Nous lui expliquons que nous avions besoin d’essence, pas de gasoil… Il soupira, jura que nous lui avions demandé du gasoil puis conclut en nous demandant un surplus de pourboire. Nous refusons en rajoutant que mis à part son erreur nous faisions tout ceci pour la projection de cinéma pour les enfants et les habitants de son île. «J’m’en fous des enfants de île à Vache, ce ne sont pas mes enfants, donne moi plutôt encore un pourboire».
Heureusement nous avons dégotté quelques litres d’essence sur un bateau voisin, et notre projection pu avoir lieu au grand bonheur des petits et des grands. Cette séance de cinéma fut d’autant plus enrichissante que pour une fois il n’y avait aucun rapport d’argent. Nous partagions simplement nos rires, nos émotions et un bon moment ensemble. Nous étions enfin tous égaux, plus de différences sociales, de couleurs ni d’ages.

Nous avions entendu dire que nous pouvions également donner de vieilles voiles à «l’Association des Voiles d’île à vache», ce que nous nous apprêtions à faire lorsque des pêcheurs nous expliquèrent que le fameux Wagner qui collectait les voiles les revendait ensuite aux pêcheurs, et qu’il fallait arrêter ce trafic. Le même Wagner s’était d’ailleurs installé un internet café dans ce qui aurait dû être la bibliothèque du village (financée par une asso Canadienne!).

Tout est comme ça dans la baie à Ferret. Tout le monde tire la couverture à soi au détriment des autres. C’est chacun pour soi. Les relations humaines sont tellement faussées qu’à la fin j’avais l’impression que tous jouaient un rôle afin d’obtenir toujours un peu plus. Mais souvent je me suis demandé comment je me comporterais si j’étais dans la même situation qu’eux. Ferais-je toujours preuve d’autant de générosité, de bons sentiments envers mon prochain ou succomberais-je comme eux à sauver ma peau avant celle des autres? C’est facile d’être généreux lorsqu’on a encore quelque chose à offrir ou à manger dans son assiette tous les soirs.

 Lors de notre séjour, dans la baie mouillait un gros voilier breton chargé à bloc de dons pour l’orphelinat de île à Vache (qui déborde d’enfants depuis le dernier tremblement de terre), pour l’association des voiles d’île à vache et du dispensaire. Pendant 5 jours ils vidèrent leur chargement puis distribuèrent les surplus aux pirogues qui les accostaient (avec à leurs bords enfants, femmes, hommes ou familles). C’est alors qu’un groupe de pêcheurs qui rentraient de leur pêche cria aux pirogues accostées «Haïtiens restez dignes, arrêtez la mendicité»!!
Je compris alors que mes questionnements, mes doutes, ma parano n’étaient pas le seul fruit de mon imagination. Nous étions bel et bien témoins du contre effet d’une aide humanitaire « deshumanisante » et aliénante et perdions brutalement notre naïve vision de la bonne charité dé-culpabilisante des riches envers les pauvres.

 Les jours suivants nous souhaitions continuer d’aider Philbert mais nous ne voulions pas lui donner du matériel. Toujours donner des choses créer toujours plus de besoins, de dépendances et de mendicité. Et puis de toutes façons, tout ce que nous aurions pu offrir à Philbert aurait été collecté par son père (comme la brosse à dent et le dentifrice que nous lui avions donné le premier jour). Alors, en attendant qu’il trouve son tuteur, nous avons mis en place une sorte de chaine-école pour lui enseigner la lecture et l’écriture du français (langue officielle qu’il parlait pourtant à peine). Le principe est simple: donner une heure de notre temps à Philbert tous les jours pour lui faire école et le confier au prochain bateau français avant de quitter île à vache, pour qu’il prenne la relève et ainsi de suite. Cette démarche ne fonctionnera que si Philbert est motivé. En même temps s’il souhaite réellement réintégrer l’école il lui faudra beaucoup de motivation. Pour l’aider nous lui avons offert une méthode d’apprentissage de la lecture avec un petit mot expliquant notre démarche.
Au cours des leçons quotidiennes Noé et Camille sont tombés en amour pour Philbert qui était devenu une sorte de grand frère. Les séparations furent douloureuses. Je souhaite de tout mon cœur que cette chaine-école fonctionne et vous tiendrais au courant dès que j’arrive à avoir des nouvelles. Avis aux lecteurs navigateurs qui passeraient par île à Vache.

La présence de ce jeune garçon à bord à suscité de nombreuses questions de la part de Noé auxquelles nous n’avions pas toujours de réponses.
Noé: -Où sont les parents de Philbert?
Nous: Sont papa est à la pêche.
-Et pourquoi passe t-il toute la journée sur sa pirogue sans manger ni boire ni jouer?
Parce qu’il ne va pas à l’école?
-Et pourquoi ne va t-il pas à l’école?
Peut-être parce qu’il est un peu livré à lui même, que personne ne lui dit d’aller à l’école.
-Mais alors pourquoi ne part -il pas à la pêche avec son papa?
Peut-être aussi parce qu’en allant de bateaux en bateaux avec sa petite pirogue il récupère des cadeaux, de la nourriture pour sa famille.
-Pourquoi le nourrissons-nous (un soir j’ai récupéré Philbert qui n’avait rien bu de toute la journée avec des maux de têtes violents ? ) etc…..

 Souvent j’ai eu envie de lâchement quitter la baie à Ferret. Vite lever l’ancre et fuir le rôle qu’on nous imposait de bon blanc samaritain. Fuir les désillusions, les remises en questions que suscitait ce lieu.

Heureusement il y eu tout de même de brefs rencontres, comme celle de Philbert, ou bien encore celle avec JeanJean et Rose Mina le couple qui tenaient le seul « restau » local: le Kaliko Bar. J’ai pu cuisiner avec Rose Mina et échanger des recettes de cuisine. Ils m’ont également appris à préparer et cuisiner le Lambi.
Ou encore Kiki qui nous a fièrement emmené faire le tour de son village (sans rien demander en échange!!!) et fait faire de la pirogue à Noé. Mais ce fut très difficile de sortir du rôle qu’on nous imposait et qui faussait nos rapports avec les gens.

   
La vraie rencontre humaine, l’échange ne pouvait plus se faire, hormis entre les enfants qui malgré les barrières de la langue (les enfants parlent surtout créole) et de la culture, parvenaient à jouer et rire ensemble, simplement, naturellement , sans arrières pensées et sans préjugés.

La baie à Ferret de île à vache est sans nul doute très différente du reste de l’île et de Haïti. Grâce aux nombreux bateaux qui ancrent dans cette baie, les villageois bénéficient de nombreuses aides mais peut-être au détriment de vrais échanges humains.
Nous quittâmes île à Vache avec l’impression de n’y jamais avoir trouvé notre place ou d’avoir toujours refusé celle qu’on voulait nous assigner.
Pour voir nos photos cliquez sur ce lien: album photo de Haïti.

PlanetOcean

paysage2

Beaufort, quand tu nous tiens!!

Nous sommes partis de France avec du bon comté bio de notre ami Etienne, puis au fur et à mesure nous nous sommes adaptés aux productions locales. Le Manchego en Espagne, le petit chèvre du Cap Vert, le Saint Agur en Martinique. Nos visiteurs nous ont fait très plaisir avec quelques douceurs laitières cet été, mais ça date!
Aujourd’hui j’ai mis sur la table du « happy cow », même pas de la vache qui rit, mais une imitation!
J’ai été surpris de trouver ça pas mauvais, j’en ai même mangé deux! Ca nous change un peu du Cheddar en barre. Je ne vous parle pas des enfants qui ont adoré…
Heureusement que je rapporte des langoustes de temps en temps pour compenser le manque…